La taille du marché du crédit actuellement ne représente que 250 milliards de dinars sur un total de 2600 milliards de dinars, a indiqué hier Abderrahmane benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef). Intervenant sur les ondes de la chaîne III, il a précisé que sur la trentaine de banques que compte la place, seules 12 institutions accordent des crédits à la consommation. Bien que ce segment ne représente que 10% du total des crédits accordés, un dispositif prudentiel est mis en place pour éviter le surendettement des ménages. Il s'agit de trois mesures essentielles, à savoir un engagement signé par les emprunteurs sur les crédits déjà pris, la limite du crédit à un niveau variant entre 30 et 35% des revenus des ménages, la prévention des emprunteurs par sms à l'arrivée de la date de payement des échéances. Les banques disposent, actuellement, de centrales internes de risque, mais une centrale interbancaire est en cours d'être mise en place au niveau de la Banque d'Alger pour être probablement opérationnelle à partir de 2010. Cependant, la responsabilité de la gestion du budget domestique incombe aux ménages, avant qu'elle ne relève des banques, a relevé le responsable, rassurant que «le taux des impayés n'a pas dépassé les 2,5%». Certes, «c'est loin d'être un engrenage, mais il faut l'anticiper à la fois par la responsabilisation accrue des emprunteurs et par la finalisation des instruments de contrôle dont la centrale des risques». A propos du rôle de la centrale des risques, il a expliqué qu'elle fournira des éclairages aux banques et permettra de connaître le stock des crédits de chaque client qui aura un numéro bancaire unique. Elle permettra également l'élaboration d'une liste noire qui regroupera les clients qui ont un endettement excessif et seront interdits à nouveau de prêt du fait qu'ils auront dépassé un certain seuil. La saisie des biens hypothéqués, qui est un élément normal dans la gestion des crédits, est le dernier recours pour recouvrer les crédits accordés, a rassuré le responsable, selon qui les banques algériennes ont recourt à cette solution avec beaucoup de prudence. En Algérie, plus de 60% des crédits à la consommation sont accordés dans l'immobilier, qui représente 110 milliards de dinars sur un total de crédit de 250 milliards de dinars. L'épargne des ménages représente 4000 milliards de DA dont 2600 milliards de DA ont été accordés sous forme de crédits, a-t-il précisé. Et d'ajouter que les liquidités disponibles au niveau des banques sont de l'ordre de 1000 milliards de DA à court terme. Plus de 2200 milliards DA de crédits aux PME Le crédit aux entreprises est de l'ordre de 2200 milliards de DA, ce qui signifie qu'une entreprise sur cinq est financée par la banque. D'autres possibilités d'accorder des crédits existent pourvu que ces derniers soient sains. «Nous sommes dans une sécurité de la place bancaire», a-t-il insisté. Sur l'encours du crédit octroyé aux entreprises, 90 % ont été aux entités productrices de biens et de services et les activités purement commerciales, selon lui, «ne représentent qu'un faible taux dans l'activité des banques». Benkhalfa défend la position des banques qui observent des réticences pour accorder des crédits aux nouvelles entreprises en relevant que les risques du marché sont importants. Pour parer à cette situation, elles se lanceront dans des sociétés de capital risque devant permettre une intervention au niveau des entreprises à faible niveau de fonds propres. Elles auront un réseau de sociétés qui permettront de prendre le risque de propriétaire, pour ne pas se limiter au seul risque d'emprunteur. Ce qui signifie, de l'avis de ce responsable, que les entreprises bénéficieront de plus de crédits. «Nous n'avons pas le droit d'injecter de nouvelles créances non performantes car les banques viennent d'achever un grand effort d'assainissement», a-t-il argumenté, souhaitant que les entreprises, de leur côté, améliorent leurs capacités managériales et ouvrent leur capital afin d'opter pour un actionnariat diversifié. «Nous sommes à un niveau de développement important puisque un taux de 16% de crédits a été accordé aux PME» dira-t-il. Il faut, en revanche, «dépénaliser l'acte de prise de risque», a estimé Benkhalfa. Les instruments de contrôle judiciaires doivent prendre en considération que le marché bancaire a besoin d'une extension commerciale qui ne s'acclimate pas de textes qui ont plus un caractère pénal que commercial.