Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, estime que les relations entre l'Algérie et la France s'orientent vers l'ouverture d'un nouveau chapitre basé sur la réciprocité, la coopération et les intérêts mutuels pour la réalisation des aspirations des générations à un avenir meilleur. «Notre pays ambitionne de hisser les relations qui lient nos deux pays au niveau des potentialité et des aspirations des deux peuples. Nous sommes tenus, en plus, de déployer les efforts nécessaires pour prendre en charge le dossier de la mémoire avec sérénité et clairvoyance dans le cadre d'une approche objective à travers laquelle l'autre partie assumera ses responsabilités historiques et reconnaîtra ses exactions contre le peuple (algérien)», a-t-il déclaré, dans une interview accordée à l'agence officielle, APS. Il a précisé que la visite qu'il a effectuée récemment en France, à l'invitation du secrétaire d'Etat chargé des anciens combattants et de la mémoire, Jean-Marc Todeschini, a permis d'aborder les questions en suspens qui concernent les séquelles de la période coloniale et la mémoire collective du peuple algérien. «Des dossiers qui nécessitent beaucoup de courage et même de l'audace pour les aborder et une méthodologie de travail bien établie pour les traiter», a-t-il expliqué, ajoutant que des commissions mixtes ont été mises en place pour le traitement des dossiers liés à la récupération des archives, les disparus durant la guerre de libération et l'indemnisation des victimes des essais nucléaires dans le Sahara algérien. Le ministre a souligné que les entretiens politiques se poursuivent entre les deux parties dans le cadre de la grande commission gouvernementale mixte algéro-française. Concernant la récupération des archives nationales, M. Zitouni a fait savoir que les discussions avec la partie française se poursuivent au niveau des commissions techniques mais elles s'orientent, même si la cadence semble lente, vers une solution qui doit satisfaire les attentes de la partie algérienne. «Néanmoins, cet intérêt pour les archives transférées en France ne doit pas nous détourner des nombreux témoignages, crédibles, que recèle notre (pays) et qui ne sont pas moins importants que le document archivistique classique. Ce sont les témoignages des moudjahidine, des veuves des chouhada et de tous ceux qui ont vécu cette période», a-t-il plaidé. Interrogé sur les démarches de l'Algérie pour la récupération des crânes des résistants algériens que la France conserve dans l'un de ses musées, le ministre a soutenu que cette question «est une autre image de l'ignominie coloniale et une autre preuve matérielle des crimes commis contre le peuple algérien et les symboles de sa résistance». «Les démarches vont bon train pour récupérer ces ossements et les enterrer dans la terre patrie des valeureux chouhada», a-t-il affirmé, soulignant que «la détermination du peuple algérien à récupérer les ossements de ses chouhada procède de sa conviction que la dignité humaine est sacrée et doit être respectée même pour les morts et que rien ne justifie, ni moralement ni idéologiquement, que ces ossements soient laissés dans la situation déplorable actuelle».