La minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie est confrontée à un cycle de violences et de persécutions de la part de soldats birmans dans l'ouest du pays, ce qui s'apparente à une campagne de «nettoyage ethnique» selon l'ONU. Concentrés dans l'Etat Rakhine (ouest), les Rohingyas sont considérés comme des étrangers par la Birmanie, bien que certains y soient présents depuis des générations. Un représentant de l'ONU au Bangladesh a affirmé que la Birmanie a entamé une campagne de «nettoyage ethnique» contre la minorité musulmane rohingyas. «Ces actes s'apparentaient à un nettoyage ethnique», a estimé sur la chaîne de télévision britannique BBC, John McKissick, directeur du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) dans la ville bangladaise frontalière de Cox's Bazar (sud). D'après l'ONU, 30.000 personnes ont été déplacées par ces violences qui ont fait des dizaines de morts depuis le début de l'opération de l'armée birmane à la suite d'attaques de postes de police début octobre. «Il est très difficile pour le gouvernement bangladais de déclarer ouverte sa frontière, car ceci pourrait encourager le gouvernement birman à perpétuer les atrocités et les pousser dehors, jusqu'à atteindre son objectif final de nettoyage ethnique de la minorité musulmane de Birmanie», a expliqué M. McKissick. La Birmanie a déjà été accusée de nettoyage ethnique contre ces musulmans mais c'était à l'époque où le pays était dirigé par d'anciens militaires. En Etat Rakhine, des milliers de musulmans vivent dans des camps depuis les violences lancées en 2012 par les bouddhistes qui avaient fait près de 200 morts. Pour fuir les persécutions et leurs conditions de vie, des milliers de Rohingyas tentent tous les ans de fuir en traversant le golfe du Bengale pour rejoindre la Malaisie notamment. Depuis quelques temps, c'est vers le Bangladesh que des milliers d'entre eux se sont tournés. Human Rights Watch, qui s'appuye sur des images sattelites, estimé que 1.000 maisons de Rohingyas ont été incendiées en Etat Rakhine récemment. Mais depuis fin mars 2015, Aung San Suu Kyi a pris les rênes du pays et paradoxalement elle n'a jamais pris position ni ne s'est exprimé sur le sujet depuis le début des violences le mois dernier. Argument avancé : le nouveau gouvernement birman n'a pas de pouvoir sur l'armée, qui reste en charge du ministère de l'Intérieur et des Frontières notamment.