S'inspirant d'un poeme de Habiba Djahnine, le peintre Denis Martinez a présenté samedi à Alger une nouvelle œuvre réalisée rappelant les séquelles de la décennie noire. Dévoilée à la galerie Sirius (Telemly) l'oeuvre de Martinez est une reproduction du texte " La peur en héritage " de Habiba Djahnine, accompagnée d'une photo d'une veille femme en pleurs, démultipliée sur l'espace du tableau et entourée de signes et de symboles qui rappellent le style du groupe Aouchem dont Martinez était parmi les leaders. L'illustration de ce poème sera exposée le 13 décembre prochain à la Maison de la poésie à Grenoble (France) dans le cadre d'une exposition intitulée " Livres à deux mains " et consacrée à la collaboration entre poètes et plasticiens, a indiqué le peintre. L'artiste de 75 ans a également agrémenté la présentation de son oeuvre par une déclamation énergique du poème de Habiba Djahnine, un texte à forte charge émotionnelle rappelant les crimes commis par les sanguinaires durant les années 1990. Denis Martinez est, par ailleurs, revenu sur la collaboration entre poètes et plasticiens en Algérie, un travail qu'il avait lui-même entamé en 1966 sur une oeuvre du défunt poète algérien Ahmed Azeggagh (1942-2003) sous l'impulsion du grand poète algérien Jean Sénac, a-t-il rappelé. Né en 1941 à Oran et demeurant à Blida, Denis Martinez est considéré comme un des plus importants plasticiens algériens. Fondateur avec Chokri Mesli, Mohamed Chegrane et d'autres artistes en 1967 du groupe " Aouchem " revendiquant un art inspiré " des grands thèmes formels du passé algérien ", il continue d'inspirer de nombreux plasticiens aujourd'hui. Née en 1968, Habiba Djahnine est l'auteur depuis les années 2000 de films documentaires tels que " Avant de franchir la ligne d'horizon" (2011) sur l'engagement politique depuis octobre 1988 et " Lettre à ma sœur" (2006), réalisé en hommage à sa soeur, Nabila Djahnine, une militante féministe assassinée par les terroristes en février 1995.