Près de deux mois après s'être rendu en Algérie, le premier ministre libyen, Fayez El-Serraj, reprend le chemin d'Alger. Une visite dont les messages ne sont pas trompeurs puisque celle-ci intervient une semaine à peine après le court séjour algérois du Maréchal Khalifa Haftar, principal rival d'El-Serraj. Significatif. Ceci dénote, on ne peut plus clairement, des efforts diplomatiques fournis par l'Algérie en vue d'une solution globale et définitive à la crise libyenne. Lors de son déplacement, M. El-Serradj «abordera l'évolution de la situation et les efforts entrepris dans le cadre du règlement politique de la crise que connaît ce pays frère», a précisé un communiqué des services du premier ministre, hier dans l'après-midi. Protocole oblige, Alger s'assigne aux stricts usages diplomatiques et ne s'étale pas outre mesure sur de plus amples détails entourant le déplacement du président du gouvernement d'entente nationale. Dans le fond, ce chassé-croisé des hautes personnalités libyennes renseigne sur les multiples tractations menées par l'Algérie. Un seul objectif : convaincre toutes les parties en conflit de s'engager sur la voie d'un dialogue inclusif et le plus large possible. Dialogue qui, jusque-là, n'a pas connu beaucoup de succès tellement les divergences de vues entre belligérants s'avéraient profondes. Pas que. La multiplication des acteurs, étrangers précisément, dans cette crise n'a fait que retarder voire capoter toutes les tentatives sérieuses d'une solution juste et durable. Gageons qu'en Algérie, la voie de la raison s'affirme davantage et réussisse à rassembler tous les libyens autour d'une feuille de route qui n'aura d'autres buts que celui de la paix. Il n'est pas exclu, à ce propos, qu'Alger, en recevant Haftar, ait arraché une promesse à celui-ci pour s'asseoir autour d'une même table avec son rival de toujours, le premier ministre libyen Fayez El-Serraj. Ceci pourrait aboutir à un accord historique. En Algérie, l'on mise beaucoup sur cette piste qui semble davantage se préciser. En plus de faire sienne le principe d'une solution politique au conflit libyen, l'Algérie a appelé, maintes fois, à une résolution afro-africaine des conflits qui minent le continent noir. Venir à bout de la crise libyenne, tel que souligné par Ramtane Lamamra, exige une implication énergique des acteurs africains, en particulier les voisins immédiats de la Libye. D'autant plus que la communauté internationale n'a pas montré, jusque-là, de signes positifs envers le peuple libyen. Dans une déclaration faite à Radio internationale, M. Lamamra, a regretté, hier, le fait que «la communauté internationale n'a pas été aux côtés des nouvelles autorités libyennes pour faire en sorte qu'une démarche systématique de reconstitution de l'état et d'édification d'institutions solides dans tous les domaines politique et sécuritaires». Le chef de file de la diplomatie algérienne a rappelé que «ce qui arrive à la Libye nous touche au plus haut point, et ce qui arrive en Libye est évidement de la responsabilité des Libyens, d'abord et avant tout, mais aussi des ingérences étrangères qui ont considérablement compliqué les données de la situation», a-t-il déploré. M. Lamamra n'a pas manqué, hier, de rappeler, à cette occasion, que «La Libye doit pouvoir redevenir un état solide pour jouer pleinement son rôle dans la région et dans les cadres auxquels nous appartenons ensemble, même dans le contexte de lutte antiterroriste», a-t-il expliqué.