À peine la fusion entre le front El-Adala d'Abdallah Djaballah et Ennahda de Mohamed Douibi officialisée, que le président du MSP s'inquiète pour son parti. Abderrezak Makri craint qu'un retour d'«Ennahda historique» prenne le dessus sur le courant islamiste en Algérie. Affolé, Abderrezak Makri ira jusqu'à tenter de minimiser de l'intérêt d'une telle démarche, lui qui ne perd jamais l'espoir de pouvoir un jour fédérer les rangs des enfants du courant islamiste. Le qualifiant d'«alliance à des fins électoralistes», le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) dit n'avoir jamais été mis au courant par ses pairs d'El Adala et du mouvement Ennahda. «Personne ne nous a parlé de cette alliance (…) qui, même si elle est appelée à s'élargir, le sera pour des raisons électoralistes comme nous l'avons entendu», écrit Makri dans une tribune publiée sur le site de son parti. Et ce n'est sûrement pas «la joie» qu'il exprime publiquement qui va cacher ses craintes de voir grandir le projet du cheikh Abdallah Djaballah. Se disant donc «heureux» d'apprendre l'alliance entre Ennahda et El-Aadala, et qu'«il le sera davantage si elle venait à s'élargir à un triplé ou quadruplé», Makri explique dans un message qui semble être destiné à Djaballah qu'il n'est pas question d'espérer doubler le MSP. «Dans notre conception politique islamique, nous pensons que l'intérêt du courant islamiste et des pays où il se trouve réside dans l'existence de deux partis modérés», écrit le chef du HMS, avançant deux arguments, histoire de renforcer sa thèse. Il explique, en effet, qu'«une multitude de petits partis disperse les forces», tandis qu'«un grand parti est loin de porter à lui seul le poids de la situation actuelle dans laquelle se trouve le pays et ses exigences sur le plan externe». Aussi, l'union des enfants du courant dans un seul et unique parti risque, selon Makri, de lui attirer des ennuis «car il fera peur à ses opposants qui, à l'intérieur comme à l'extérieur, tenteront de lui barrer le chemin». C'est dire qu'en fin de compte, le président du MSP donne l'impression de proposer au leader d'El-Adala, Abdallah Djaballah, un partage de l'ancrage entre le nouveau parti en projection, c'est-à-dire «Ennahda historique» et le MSP qu'il juge comme étant «le plus structuré, le mieux déployé sur le terrain et capable d'affronter seul, en la conjoncture actuelle, les échéances électorales à venir». Pour Makri, «l'alliance des autres partis islamistes doit constituer une alternative au cas où le MSP sera affaibli». Et au président du MSP de revenir pour minimiser la fusion entre El Adala et Ennahda, estimant qu'il aurait été mieux de concevoir des alliances au niveau local en prévision des élections et où l'implantation des deux formations le permet, car, a-t-il expliqué «il est inutile de constituer une alliance dans une wilaya quelconque entre un parti présent et un autre absent». Enfin, Abderrezak Makri qui semble tellement paniqué par le nouveau coup de Djaballah en passe de récupérer son vieux parti Ennahda rappelle que «le projet de réunir les enfants de l'école Mahfoudh Nahnah reste d'actualité et que les contacts reprendront après les élections». On l'aura compris, le message est adressé au TAJ d'Amar Ghoul et au FC d'Abdelmadjid Menasra.