Le village Azouza, s'apprête à vivre une journée bien particulière avec l'hommage qui sera rendu, tout au long de la journée d'aujourd'hui, au monument de la Révolution armée, surnommé l'«architecte du congrès de la Soummam», Abane Ramdane. C'est à l'initiative du comité du village Azouza, village natal d'Abane, dans la commune de Larbaâ Nath Irathen, que sera organisé cet hommage, à l'occasion de la célébration du 59e anniversaire de sa mort. Les festivités commémoratives, qui débuteront à 9h à Oued Aïssi, près de la stèle à son effigie, avec le dépôt d'une gerbe de fleurs, se poursuivront à Azouza avec une visite guidée dans sa maison natale, érigée en musée. Il y aura aussi des témoignages, un autre recueillement à la mémoire des martyrs de la Révolution au monument des martyrs, au niveau de la stèle de la ville de Larbaâ Nath Irathen, et bien d'autres activités qui s'étaleront jusqu'à la fin de la journée. Abane Ramdane est né, le 10 juin 1920 à Azouza, dans la commune de Larbaâ Nath Irathen, appelée alors Fort-National, dans une famille modeste. Il décroche son baccalauréat mathématiques avec la mention bien, en 1941 au lycée Duveyrier de Blida. Il fut mobilisé et affecté pendant la Seconde Guerre mondiale avec le grade de sous-officier, dans un régiment de tirailleurs algériens stationné à Blida, en attendant le départ pour l'Italie. Démobilisé, il entre au Parti du peuple algérien (PPA) et milite activement tout en travaillant comme secrétaire de la commune mixte de Châteaudun-du-Rhummel, aujourd'hui Chelghoum-Laïd. Fortement marqué par les massacres du 8 mai 1945, il abandonne ses fonctions, rompt définitivement avec l'administration coloniale et entre en clandestinité pour se consacrer à la cause nationale au sein du PPA-MTLD. En 1948, il est désigné chef de wilaya, d'abord dans la région de Sétif, puis dans l'Oranie. Durant cette période, Abane est, également, membre de l'Organisation spéciale (OS), bras armé du parti chargé de préparer la Révolution. Recherché par la police française dans l'affaire dite du «complot de l'OS», en 1950, il est arrêté quelques mois plus tard à l'Ouest du pays. Il est jugé, en 1951, après avoir été interrogé et torturé durant plusieurs semaines. Il est condamné à 5 ans de prison, 10 ans d'interdiction de séjour, 10 ans de privation des droits civiques et 500 000 francs d'amende pour «atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat». Commence, alors, un long calvaire dans les prisons d'Algérie (Bougie, Barberousse, Maison-Carrée) et de métropole. Après un court séjour aux Baumettes, dans les Bouches-du-Rhône, au début de l'année 1952, il est transféré à Ensisheim (Haut-Rhin) en Alsace, dans une prison de haute sécurité. Soumis à un régime de détention de droit commun, extrêmement sévère, il entame une longue grève de la faim. À la limite de la mort, il est soigné et sauvé in extremis, et obtient gain de cause. Prisonnier politique, il est transféré, en 1953, à la prison d'Albi dans le Tarn, au sud-ouest de la France. Transféré à la prison de Maison-Carrée au cours de l'été 1954, il est régulièrement tenu au courant des préparatifs du 1er Novembre 1954. Il est même désigné d'office comme l'un des douze membres d'un comité chargé de prendre en main les destinées de la résistance algérienne. Il met, également, en chantier et supervise la rédaction d'une base doctrinale destinée à compléter et à affiner les objectifs contenus dans la Proclamation du 1er Novembre 1954. Appuyé par Larbi Ben M'hidi, il fait adopter au Congrès de la Soummam du 20 août 1956 un statut pour l'Armée de libération nationale (ALN) pour qu'elle se soumette aux «lois de la guerre», et surtout, devenir une plate-forme politique dans laquelle est affirmée la «primauté du politique sur le militaire et de l'intérieur sur l'extérieur». Il est désigné comme l'un des 5 membres d'un directoire politique national, le Comité de coordination et d'exécution (CCE), chargé de coordonner la Révolution et d'exécuter les directives de son Conseil national (CNRA) créé à cet effet. Attiré dans un guet-apens, il est assassiné, le 27 décembre 1957, dans une ferme proche de la ville marocaine de Tétouan. Son corps disparu est symboliquement rapatrié en Algérie, en 1984, pour être inhumé au carré des martyrs du cimetière d'El Alia, à Alger.