La wilaya de Chlef était, elle aussi, au rendez-vous pour célébrer le nouvel An amazigh qui coïncide avec le 12 janvier 2017. L'initiative de perpétuer la tradition a été faite par la direction de la culture. Une grande fête a été organisée au niveau de la maison de jeunes du centre-ville où une foule nombreuse a pris part en découvrant un riche programme établi à cet effet. Des explications et des histoires ont été fournies aux présents sur cet événement, qui a été toujours célébré en famille dans toutes les contrées de la région depuis la nuit des temps. Selon des chercheurs, Yennayer est fêté uniformément le 12 janvier à travers le pays. Initialement, nous le fêtions en même temps que l'ensemble des peuples méditerranéens de civilisation romaine. Le décalage de 11 jours s'est produit à la date du 2 septembre 1752. En cette année 1752, en effet, l'Angleterre ayant décidé d'adopter le calendrier grégorien, les astronomes refirent leurs calculs. Ces derniers révélèrent que le temps sidéral avait pris 11 jours d'avance sur le comput usuel. On fit les ajustements voulus en décrétant que la journée qui suivait le 2 septembre 1752 (soit le 3 septembre) serait supprimée et remplacée par le 14 septembre. La réforme ne nous a pas concernés. Les Turcs nous tenaient à cette époque, hors de l'histoire du monde. Notre Yennayer est resté fixé à sa date primitive. Il a, donc, pris et gardé un retard de 11 jours, c'est-à-dire qu'il a été reporté au 12e jour de janvier selon le nouveau comptage. C'est la date du mois à laquelle nous le célébrons depuis 1753. Yennayer dans la wilaya de Chlef, c'est la nuit où chaque membre de la famille a droit à un poulet entier et souvent farci. La farce à l'origine était faite exclusivement de plantes aromatiques cueillies et séchées au long de l'année (menthe, basilic, marrube, romarin, etc.). Les plumes sont précieusement gardées par les enfants afin qu'elles leur assurent la longévité. Le lendemain, on assigne à chaque enfant de la famille, le poulet dont il se régalera l'année suivante. Il a pour charge jusque-là, de le nourrir et de le soigner. En accompagnement aussi impératif que le poulet, la tradition prévoit le berkoukès (gros couscous cuit dans sa sauce et non à la vapeur comme le couscous ordinaire ou ksouksi). Les grains trop volumineux résultant du roulage du berkoukès et de son criblage sont pétris en pâte avec laquelle on confectionne des petits godets. A chaque godet, la maîtresse de maison attribue le nom d'un mois de l'année. Les douze godets sont sortis dehors au début de la nuit, et le lendemain matin, en fonction de l'humidité condensée sur chacun d'eux, on prédit la quantité de pluie qui tombera ou ne tombera pas pendant le mois correspondant. D'autres activités et spectacles ont été donnés dans plusieurs communes de la wilaya. Selon les habitants, l'organisation est plus réussie que Yennayer précédent, à cause d'une plus large participation de citoyens, des autorités locales ainsi que des bénévoles qui ont apporté une importante contribution.