Les travailleurs du Théâtre régional Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa sont montés au créneau, ces derniers jours, pour dénoncer «la mise à mort» programmée du 4e art dans la ville des Hammadites. Plusieurs rassemblements ont été organisés par les employés de ce théâtre pour faire entendre leur cri de détresse. La direction générale du Théâtre national Algérien (TNA) et le ministère de la Culture semblent faire, jusqu'à présent, la sourde oreille aux revendications de ces travailleurs, mais la situation ne fait que couver. Ce que vivent les travailleurs du Théâtre régional de Béjaïa est, également, le cas de la grande majorité des théâtres régionaux au niveau national. Un rassemblement de protestation des employés du Théâtre national algérien, Mahieddine-Bachtarzi, auquel a appelé la section syndicale locale, devait avoir dans la matinée d'hier devant cette institution, mais il a été finalement annulé à la dernière minute, «suite à de nouveaux éléments positifs concernant le budget», disent-ils dans un communiqué. A Béjaïa, les employés du Théâtre régional de cette ville ont initié une pétition, lancée sur Internet. Les grévistes, rédacteurs de l'appel, énumèrent plusieurs points négatifs sur cette structure pourtant productive en matière de pièces de théâtre. Ils citent «L'endettement du théâtre, la menace de licenciement de 25 employés contractuels qui occupent des postes vitaux pour le fonctionnement du TRB (machinistes, comédiens, éclairagistes, sonoristes, agents de sécurité…) et l'impossibilité pour le théâtre d'assurer de nouvelles productions», disent-ils. Ces différentes entraves peuvent avoir comme conséquence inéluctable, tout simplement «la fermeture du théâtre qui est dans l'incapacité de s'autosuffire, du fait de la politique culturelle qui prédomine depuis toujours dans la gestion des Théâtres régionaux». Plusieurs démarches ont été entreprises par la section syndicale des travailleurs du Théâtre régional de Béjaïa depuis l'été dernier. Avenir incertain Toutes les autorités concernées sont saisies par les grévistes, mais leurs cris de détresse semblent tombés dans l'oreille d'un sourd. «Toutes nos actions sont restées vaines à ce jour. C'est pourquoi nous alertons tous les citoyens de notre région, car ce théâtre est aussi le leur. Aujourd'hui, son avenir est devenu incertain, et toutes ces manœuvres ne tendent que vers un seul but, celui de nous priver de cet espace de culture et de liberté, dernier rempart contre l'ignorance et l'obscurantisme», déclarent-ils. Mais ce «mépris» affiché par la tutelle ne semble pas affaiblir les protestataires. «Les travailleurs du TRB resteront mobilisés et déterminés à aller au bout de nos revendications», disent-ils, plus que jamais déterminés.