Deux mois sans salaire, 25 employés précaires menacés de licenciement, 2,8 milliards de centimes de dettes, un avenir incertain aussi bien pour les 61 employés y exerçant que pour la production artistique. Les effets de la crise financière qui secoue le pays, commencent à se faire sentir au niveau des institutions de l'Etat. Le secteur de la culture semble être le premier à en pâtir, du moins à travers ses différentes structures locales et régionales. C'est le cas d'ailleurs du Théâtre régional Abdelmalek-Bouguermouh de Béjaïa (TRB) qui vit une situation des plus déplorables, induite par le déficit de trésorerie qui l'affecte ces derniers temps. Premières retombées : deux mois sans salaire, 25 employés précaires (CDD) menacés de licenciement, 2,8 milliards de centimes de dettes, un avenir incertain aussi bien pour les 61 employés y exerçant que pour la production artistique, notamment en matière d'activité théâtrale. C'est le constat amer dressé, dernièrement, par les membres de la section syndicale, affiliée à l'UGTA, du TRB, lors d'une conférence de presse tenue à la petite salle du même établissement culturel, en présence du gestionnaire, M. Sofiane Boukemouche, des cadres administratifs, des metteurs en scène et autres comédiens. Le nouveau responsable du TRB, nommé le 31 juillet 2016 en tant que chargé de gestion, a tenu, d'emblée, à préciser qu'il a hérité d'une situation peu reluisante qui se traduit par une dette de 28 millions de dinars, laissée par son prédécesseur, M. Omar Fetmouche, parti en retraite depuis plus d'une année. Selon l'orateur, le TRB doit une telle somme à plusieurs créanciers, dont la CNAS et les impôts (dettes fiscales et parafiscales), des fournisseurs de services, auxquels s'ajoutent les rappels des travailleurs qui demeurent en stand-by. Sans compter le montant de 11 millions de dinars qu'avait réglés auparavant, au titre de l'impôt sur le revenu global (IRG), M. Righi Khellaf, le directeur de la Culture de la wilaya de Béjaïa, alors qu'il assurait la fonction de directeur par intérim du théâtre régional. Il faut souligner que ce dernier avait pris la décision de s'acquitter d'une telle dette fiscale, après que la direction des Impôts ait brandi la menace de recourir au gel des comptes du TRB. Par ailleurs, M. Boukemouche rappellera que le ministre de la Culture, M. Azzedine Mihoubi, lors de sa visite du 19 août 2016, à Béjaïa, n'avait rien proposé comme solution à ce problème de déficit en matière de finances, sauf qu'il s'est contenté de lui suggérer la rupture pure et simple des 25 contrats à durée déterminée (CDD) existants, dont 18 devraient expirer vers la fin du mois en cours. Pour sa part, le secrétaire général de la section syndicale M. Farouk Mebarki s'est indigné de l'attitude peu courtoise du patron de la centrale syndicale UGTA, M. Abdelmadjid Sidi Saïd, qui a refusé de recevoir une délégation de syndicalistes issus de plusieurs théâtres régionaux du pays. "Finalement, nous avons été reçus par l'un des conseillers du SG de l'UGTA, auquel nous avons remis tout un dossier sur la situation des théâtres régionaux. Néanmoins, aucune suite n'a été donnée à nos doléances, en dépit des promesses de notre interlocuteur", déplorera M. Mebarki. À noter que les conférenciers ont été unanimes à dénoncer la décision d'amputer leur budget de fonctionnement pour l'année 2017, qui a été réduit à 36,5 millions de dinars. Cette enveloppe financière est, selon eux, non seulement insuffisante, mais tarde à arriver. "Nous avons l'habitude de recevoir 75% de la dotation budgétaire annuelle, vers fin novembre, ou à défaut, au début du mois de décembre de chaque année, alors que les 25% restants arrivent en mars de l'année suivante. Or, cette année, on est fin décembre, et on n'a rien perçu pour le moment !", expliquera M. Boukemouche. K. O.