Soixante travailleurs du TRB risquent de perdre leur emploi d'ici la fin de cette année à cause de la coupe budgétaire opérée par le ministère de la Culture. Les 61 travailleurs du théâtre régional Malek Bouguermouh de Béjaïa (TRB) sont toujours inquiets quant au devenir de leur poste de travail et aux activités du TRB. Ils l'ont réaffirmé mercredi dernier lors d'une conférence de presse que leurs représentants ont tenue au TRB. Au milieu de l'année 2016, l'Etat a opéré deux coupes budgétaires dans le cadre du «plafonnement de la contribution de l'Etat», pour ne pas dire de l'austérité. Ainsi, 58% de la somme allouée au TRB, soit plus de la moitié du budget, ont été amputés, créant ainsi un déséquilibre. «En 2015, le TRB a reçu une contribution de 97 millions de dinars qui est passée, après les coupes, à 36 millions de dinars, qui ne peuvent couvrir toutes les charges entre les salaires des travailleurs et le fonctionnement du TRB», selon la section syndicale du théâtre, affiliée à l'UGTA. Pour elle, «le ministère de la culture n'a vraisemblablement pas étudié ce plafonnement, n'ayant jamais pris en compte le nombre de travailleurs, dont 35 titulaires et 25 contractuels, qui sont tous des pères de famille et qui risquent de se retrouver au chômage d'ici la fin de l'année si la tutelle ne redresse pas la situation». Pire, sans eux, ajoute les syndicalistes, le TRB ne fonctionnera pas, étant donné que ses techniciens, comédiens et agents de sécurité sont sur des postes-clés dans l'organigramme de l'établissement. En outre, les travailleurs demandent l'effacement des dettes de l'établissement, qui sont de 28 millions de dinars. Pour le gestionnaire du TRB, «la situation est difficile et le ministre est au courant que nos caisses sont vides. Les travailleurs ne sont pas payés depuis deux mois». Si la situation perdure, cela veut dire que cet espace de création et d'expression artistique fermera ses portes puisque dans les caisses, dit le gestionnaire, «nous avons juste de quoi payer les travailleurs jusqu'au mois de mars et 18 contractuels verront leur contrat rompu d'ici la fin de l'année en cours». Le Théâtre régional de Béjaïa, considéré comme le deuxième en termes de production et de nombre de travailleurs, n'est pas le seul à souffrir sur le plan financier. Le problème, affirme-t-on, «s'étend également aux 14 théâtres régionaux, qui ont exprimé les mêmes difficultés financières au cours d'une rencontre qui a eu lieu à Alger entre les sections syndicales du secteur». Idem pour le Théâtre national (TNA) qui risque, selon les conférenciers, de se séparer de quelques-uns de ses employés, sur les 130 qui y travaillent actuellement, à partir de janvier prochain. Bien que le statut des théâtres régionaux ainsi que du TNA ait été transformé depuis des années en Epic (Etablissement à caractère industriel et commercial), les pouvoirs publics n'ont pas réussi à trouver ou à imposer les mécanismes susceptibles d'assurer l'autonomie financière de ces établissements. «Nous n'avons pas un marché de l'art pour vendre nos produits, ni un programme spécifique qui vise à promouvoir la culture de la production et de la vente des spectacles. Les pouvoirs publics ont fait des théâtres des Epic tout en continuant à leur offrir des contributions sans se soucier des moyens et voies de rentabilisation» explique l'un des intervenants lors de la conférence de presse.