Le Mouvement El Islah ne croit pas à la sainte alliance des partis islamistes. La formation de Filali Ghouini n'est intéressée ni par la tactique de listes communes en prévision des élections législatives du printemps prochain, ni par le projet de fusion entre ses frères du MSP et du FC d'un côté, et celui du FJD, Ennahda et El Binaa de l'autre. «Le travail de fusion ne nous concerne pas», a déclaré, hier, le président d'El Islah lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti. En réponse à une question sur la possibilité de le voir rejoindre l'une des initiatives, Ghouini a été on ne peut plus clair : «Les alliances dans le cadre des petites familles politiques ne nous intéressent pas», a-t-il fait savoir, expliquant que la priorité pour El Islah était «de réaliser le consensus le plus large entre les différents courants politiques dans l'intérêt du pays». Prenant ses distances avec ses frères islamistes, il dira que «(son) parti a son propre cadre de travail, ses propres idées et ne partage pas le classement des priorités qu'impose la conjoncture». C'est donc en cavalier seul que le parti de Ghouini préfère aborder les prochaines joutes électorales. Et dans sa réponse, un refus clair à l'appel lancé par l'ancien président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Aboudjerra Soltani, pour l'union des six formations politiques de la mouvance, c'est-à-dire Ennahda, El Adala, El Islah, le FC, le MSP et El Binaa. Un rêve qui ne se réalisera pas, semble-t-il, déjà qu'El Islah commence à se rapprocher du pouvoir en place, et la dernière rencontre de Filali Ghouini avec le secrétaire général du FLN au siège de ce dernier n'est qu'un message qui ne souffre aucune ambiguïté. Le conférencier a en outre évoqué la réunion de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (ICSO), estimant que «les élections ne sont pas un facteur de division». Il a, dans ce sens, pris acte de la position finale exprimée dans le communiqué de l'instance qui dit «n'avoir aucun avis sur les choix de ses membres et qui relèvent de la souveraineté des partis». Sur les élections, le président d'El Islah a soutenu que leur réussite dépend du travail qu'accomplira la haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), dirigée par Abdelwahab Derbal. «Si la Hiise réussit sa mission d'assainissement du fichier électoral après la convocation par le président de la République, on aura garanti moins d'abstentions et la classe politique gagnera en confiance», dira-t-il. Sur le même registre, l'orateur, interrogé sur les menaces du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, de sanctionner les partis boycotteurs, a estimé que «l'Etat n'a le droit d'agir que dans le cadre des lois et sévir contre les boycotteurs est anticonstitutionnel», avant de rappeler que «le boycott est une position politique». Au plan organique, El Islah «n'a plus de problèmes», déclare son président. Ghouini a, en effet, annoncé «la mise en conformité du congrès tenu le 26 novembre 2016 et de toutes ses décisions avec la loi», barrant ainsi la route à ses adversaires au sein du parti. La mise en conformité concerne le remplacement du poste de secrétaire général par celui de président qu'occupe Ghouini, le renouvellement du conseil consultatif et du bureau national ainsi que l'adoption de deux résolutions, organique et disciplinaire.