Un Sommet se tient depuis hier à Brazzaville sur la résolution de la crise libyenne. Il s'agit de la réunion du Comité de haut niveau de l'Union africaine (UA) sur la Libye qui réunit cinq pays membres et les chefs d'Etat et gouvernement des pays voisins de la Libye, dont l'Algérie. L'objet de cette conférence est celui de se pencher sur «l'évolution du dossier libyen et sur les voies et moyens susceptibles de parvenir à une solution rapide et consensuelle à ce conflit». La délégation algérienne, prenant part à cette réunion, est présidée par le premier ministre Abdelmalek Sellal. Les pays voisins de la Libye dont l'Algérie, la Tunisie et l'égypte ont conjugué leurs efforts pour amener les parties libyennes à une table de discussion. Des rencontres avec les différentes parties belligérantes libyennes ont été organisées, dans le but de trouver un consensus et une éventuelle sortie politique de la crise. La dernière en date, est la rencontre entre Ahmed Ouyahia, chef du cabinet du Président et Ali Salibi, le représentant des «frères musulmans libyens, tenue, mardi passé, dans la maison de Rached El Ghenouchi, le chef du parti Ennahda tunisien. Ouyhahia s'est entretenu avec Salibi dans la perspective de trouver des consensus pour l'établissement d'un dialogue inclusif libyen». De leur côté, les états-Unis et la Russie ont conscience de l'urgence du règlement du conflit libyen. Washington organise des débats sur une Libye après terrorisme, où elle se rallie implicitement sur la position algérienne quant au règlement diplomatique et consensuelle de cette crise. L'ancien envoyé spécial américain pour la Libye, M. Winer a estimé que la formation «d'un gouvernement inclusif en Libye, réunissant toutes les parties libyennes sans exception est la seule solution possible en mesure d'éviter la "polarisation" du conflit dans ce pays». Ecœurés par cette situation dramatique, la majorité des Libyens sont prêts à tout sacrifier sur l'autel de la sécurité. La Russie l'a bien compris et entre en jeu. L'engagement du Kremlin en Libye n'est ni surprenant ni nouveau. Le porte-avions russe Amiral-Kouznetsov, qui a jeté l'ancre le 11 janvier courant, dans les eaux maritimes libyennes, a marqué les esprits des membres de la communauté internationale. Une manière de témoigner du «rôle grandissant» de la Russie en Libye. La solution pour la Libye passe inéluctablement par la promotion d'acteurs locaux, légitimes et rassembleurs. Alors que la Libye vit dans un flou politique incandescent, la Russie peut jouer un rôle intéressant dans la crise libyenne. Il est clair que si le Kremlin réussit à promouvoir le général Haftar comme un acteur légitime et maintient une position mesurée par rapport aux gouvernements et aux différentes factions politiques, la capacité de l'Algérie et l'Egypte à unifier la voix des acteurs locaux et tribaux autour d'une même table de discussion, la Libye pourrait retrouver l'espoir. La crise libyenne pourrait préalablement prendre une nouvelle tournure, si la Russie réussit à promouvoir Haftar. La portée de l'alliance L'axe Moscou-Alger- Le Caire se précise. En décembre, le général Khalifa Haftar, chef de l'autoproclamée Armée nationale libyenne avait rencontré le Premier ministre algérien. Une visite similaire avait eu lieu à Moscou. Haftar, étant connu pour être proche du président égyptien, Al-Sissi, est de son coté connu pour être un homme proche de Moscou. L'armée égyptienne aurait expédié d'importantes quantités d'armes russes vers les camps d'entraînement de l'armée libyenne à l'Est alors que les services secrets égyptiens auraient envoyé des données russes sur les déplacements des groupes terroristes en Libye. Face à la grande menace terroriste, bon nombre d'observateurs ont estimé qu'Alger aura besoin de Moscou en Libye, mais en réalité l'Algérie pourrait soutenir un plan russe sur la situation libyenne afin d'assurer sa propre sécurité. Elle a intérêt à ce que la stabilité règne sur ses frontières et d'assurer elle-même sa sécurité à sa frontière sud. Les Russes auront bien plus besoin du soutien algérien en Libye que l'inverse. L'expérience de notre pays dans la lutte antiterroriste et la réconciliation nationale, pourront être un exemple à suivre par les parties libyennes. Alger, qui a toujours prôné le principe de non-ingérence, choisira toujours la position qui profitera à sa propre sécurité. En cas de conflit diplomatique, elle voudra trouver la position médiane.