En réunion à Addis Abeba (éthiopie), aujourd'hui et demain, les chefs d'état du continent africain vont se prononcer sur plusieurs questions liées au continent noir. Le futur de l'institution panafricaine devrait être l'un des sujets les plus importants. Plusieurs pays membres dont l'Algérie ont formulé le vœu de voir l'organisation engager des réformes profondes. D'aucuns estiment, en effet, que l'UA demeure peu efficace, notamment dans sa mission d'assurer la paix et la sécurité. Autre question inscrite à l'ordre du jour des travaux de ce sommet, le retour du Maroc dans le giron de la première organisation africaine. Un sujet qui focalise tous les regards. Trente-trois ans après avoir claqué la porte de l'institution, le Royaume chérifien est sur le point de reprendre sa place au sein de l'UA. Les chefs d'état devraient se prononcer, aujourd'hui, même sur cette requête. Théoriquement, ce retour ne semble pas poser problème. Le Maroc peut d'ores et déjà compter sur au moins 28 réponses favorables. Une fois cette barre franchie, il reprendra officiellement son siège. Sur le plan technique rien n'empêche, donc, le royaume chérifien d'adhérer de nouveau à l'UA. D'autant plus qu'aucune opposition n'est attendue à partir du moment que le Maroc accepte de réintégrer l'institution africaine sans aucun préalable. Il n'en demeure pas moins que le sujet reste hautement sensible. Le retour du Maroc pose en filigrane la question du conflit du Sahara occidental. Il est utile de rappeler, à ce propos, que le pays de Mohamed VI avait quitté cette organisation en 1984 en signe de protestation contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), avec laquelle il est en conflit. Les choses s'annoncent plus compliquées donc. Si officiellement Rabat n'a pas posé de condition à son retour, son objectif serait de réintégrer l'UA afin de travailler depuis l'intérieur à l'exclusion de la RASD. à dessein, donc, la démarche marocaine – particulièrement offensive – semble s'inscrire, en fait, dans ce qui s'apparente à une véritable campagne de lobbying. Une démarche qui se donne pour ambition de s'allier des soutiens au sein même de l'institution africaine dans l'objectif de pérenniser le statu quo au Sahara occidental, dernière colonie d'Afrique. Le Maroc compte peser de tout son poids pour préserver sous tutelle les territoires sahraouis au moment même où la cause indépendantiste du peuple sahraoui gagne de plus en plus l'adhésion des plus grandes institutions mondiales. D'ailleurs, le chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane ne s'est pas gêné, il y a quelques semaines, d'affirmer que la réintégration de l'Union africaine «a pour premier objectif de défendre l'intégrité territoriale». Sans le nommer, par intégrité territoriale Benkirane parle du Sahara occidental. «Il s'agit de l'intérêt suprême de l'Etat lié à notre adhésion à l'Union africaine qui nous permettra de défendre notre unité territoriale», a-t-il dit dans un entretien qu'il a accordé au site le360.ma, réputé proche du palais royal. Ce qui est tout simplement inacceptable pour l'Algérie, soutien historique aux indépendantistes sahraouis, mais aussi pour l'Afrique du Sud, un pays connu pour ses positions anticolonialistes. «Le Maroc est bienvenu au sein de l'UA» dès lors qu'il se considère «égal en droits et en devoirs avec les 54 membres actuels», a déclaré, vendredi, le ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, sur les ondes de Radio France internationale. Le propos reste diplomatique, mais ne souffre en réalité d'aucune ambiguïté. Si le Maroc réintègre l'UA, il va devoir composer avec la RASD sur le même pied d'égalité.