La locution a quelque chose d'humiliant mais il va bien falloir s'en accommoder. On veut parler de la «feuille de route» que l'on remet à un organisme pour qu'il se plie à certaines instructions, faute de quoi il risque les plus grosses sanctions. La «feuille de route» dont nous parlons n'a aucun objet politique ou économique. Elle s'applique tout simplement au sport, et pour être précis, au Comité olympique algérien. Elle vient d'être utilisée par le Comité international olympique qui a saisi le secrétaire général du COA dans une lettre qu'il lui a adressée le 23 juin. Elle est signée de Pere Miro, directeur des relations avec les CNO au CIO et de l'intendant général, Lassana Palenfo, membre du CIO et président de l'Association des comités nationaux olympiques d'Afrique (Acnoa). «Nous souhaitons, par la présente, vous rappeler les termes de la feuille de route qui a été tracée dont l'objectif essentiel et primordial est de contribuer à trouver une solution visant à réunifier l'ensemble du mouvement olympique et sportif algérien, tout en protégeant la participation du Comité olympique algérien et des athlètes algériens aux prochains Jeux méditerranéens», est-il écrit en préambule. (Il faut noter que ce Comité olympique algérien «protégé» par le CIO a été empêché de prendre part aux travaux du congrès du Comité international des Jeux méditerranéens qui a eu lieu mercredi). La lettre du CIO indique par la suite qu'une «délégation nommée par le président du CIO et dirigée par Youssoupha Ndiaye, président de la commission de l'éthique du CIO, se rendra en Algérie après l'assemblée générale de l'Acnoa (6-7 juillet) à une date qu'il conviendra de fixer. Cette délégation travaillera notamment avec le COA, le membre du CIO en Algérie et en étroite collaboration avec toutes les parties concernées afin d'établir et de mettre en place le processus électoral qui conduira à la tenue de l'assemblée générale élective du COA dans le respect des textes applicables (charte olympique et statuts du COA notamment) et du principe d'autonomie du mouvement olympique. Afin de garantir la participation des athlètes algériens aux prochains Jeux méditerranéens, le COA – tel que reconnu avant le 11 juin par le CIO et l'Acnoa – continuera à gérer ses activités courantes jusqu'à la tenue de la prochaine assemblée générale élective du COA. Nous rappelons également que selon l'esprit et la lettre de la charte olympique, un comité national olympique doit, par essence, être constitué d'une majorité votante de fédérations nationales de sports inscrites au programme des Jeux olympiques et dûment affiliées à leurs fédérations internationales respectives. Le CIO durcit le ton La lettre devient, pour ainsi dire, sévère vers sa fin. «Si malgré tous nos efforts conjoints, cette feuille de route ne pouvait pas être menée à son terme et aucune solution viable pour l'ensemble du mouvement olympique et sportif algérien ne pouvait permettre de sortir de cette situation conflictuelle, le CIO serait, malheureusement, contraint d'envisager les mesures et les sanctions prévues par la charte olympique en pareil cas avec toutes les conséquences qui en découlent pour le mouvement olympique et sportif algérien. Nous espérons que cette feuille de route et la compréhension de chacun permettront d'éviter cette extrémité malheureuse et à l'inverse, favoriseront une issue positive, constructive et durable à la situation qui prévaut actuellement, dans l'intérêt de l'ensemble du mouvement olympique et sportif algérien et des athlètes en tout premier lieu. «Il apparaît clairement aujourd'hui que la balle est dans le camp de ceux qui ont semé la confusion, ceux qui ont voulu jouer aux «putschistes» pour «déloger» ceux qui avaient la charge de la gestion du COA au lendemain de la démission de Mustapha Berraf, alors que le CIO a toujours dit qu'il reconnaissait le président par intérim du COA, le secrétaire général et les membres du comité exécutif. Ceux également qui ont excellé dans le jeu du yo-yo, se montrant d'une versatilité excessive, s'inscrivant comme candidats puis se retirant en signant une lettre sur mesure, utilisée comme modèle où il n'y avait plus qu'à inscrire son nom. Ceux qui ont utilisé le stupide argument de solidarité avec leurs deux collègues de l'escrime et du cyclisme alors qu'ils savaient pertinemment que les nouveaux élus de ces deux fédérations n'étaient pas reconnus par leurs fédérations sportives internationales respectives. Ceux qui n'ont pas respecté la loi algérienne, la 04-10 en l'occurrence, la charte olympique et les statuts du COA en saisissant la justice civile alors que les textes en question stipulent tous que dans une affaire de sport, il faut prendre attache avec le tribunal arbitral des sports. Que vont-ils dire à la délégation du CIO, qu'ils avaient eu raison de se montrer solidaires avec leurs collègues de l'escrime et du cyclisme ? S'ils persistent dans leur entêtement, cela mènera inéluctablement à la suspension du COA avec toutes les conséquences graves que cela génèrera pour le sport algérien. Ce sont ces gens-là qui ont mis le mouvement sportif algérien en danger. Il est tout de même curieux que des personnes très au fait de la réglementation internationale aient accepté de s'adonner à ce jeu sournois. La lettre comporte des passages particulièrement durs pour le sport algérien qui se retrouve sous la menace d'une suspension des plus humiliantes à l'échelle internationale. Il faut espérer que tout ce monde-là sache se remettre en question pour le seul intérêt du sport et des athlètes algériens. C'est bien là ce que souhaite tout Algérien amoureux de ce pays.