Les rapports dressés par les institutions de Bretton Woods sur les perspectives de l'économie algérienne, à moyen terme, illustrent la persistance de l'impact du choc pétrolier connu depuis juillet 2014. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale s'attendent désormais au ralentissement de la croissance économique pour 2017 avec un taux de 1,4 %, alors que le gouvernement tablait sur 3 %. Les données sur le niveau de chômage et l'état des finances publiques ne vont pas non plus s'améliorer si l'on se fie aux mêmes rapports prévisionnels. Le Fonds prévoit à une hausse du chômage de 11,7% en 2017 à 13,2% en 2018. Ceci est expliqué par les effets de la politique de rééquilibrage des finances publiques et de la réduction du déficit du Trésor. Tout en tenant compte du contexte de l'amélioration des prix des hydrocarbures enregistrée depuis le fameux accord pétrolier de l'Opep, le Fonds ne ménage pas pour autant le gouvernement, l'invitant à accélérer le processus des réformes économiques pour faire face au choc pétrolier. Il préconise ni plus ni moins un «redressement graduel» de l'économie algérienne. Certes, le FMI prend le soin d'appeler cette fois-ci à la préservation des acquis sociaux, mais il se montre plus offensif quant aux solutions à mettre en œuvre en matière de gestion des finances publiques. Parmi ces mesures, il conseille de recourir à des emprunts extérieurs et à la cession d'actifs publics. Autrement dit, il invite le gouvernement à faire appel à l'endettement et à lancer les privatisations. Pour ceux qui ont vécu la période de l'ajustement structurel des années 90, ils en savent quelque chose des effets induits par cette politique sur l'économie du pays. On peut rappeler ici, entre autres, la fermeture des entreprises publiques, le licenciement massif des travailleurs et la libéralisation des prix de produits subventionnés. C'est un passé vraiment douloureux qui devrait donc inciter aujourd'hui à redoubler d'efforts pour ne pas revivre une telle expérience. La marge de manœuvre existant encore actuellement avec un matelas de devises, reconnue d'ailleurs par le FMI et la Banque mondiale, est une occasion inespérée à saisir absolument. Car, laisser passer une telle opportunité mènerait le pays droit vers les tentacules de la pieuvre FMI. Cette institution, se nourrissant depuis sa création en 1944 de la doctrine libérale tous azimuts, ne sera pas souple quand il s'agit de politique monétaire ou économique à suivre. En plus, en cas de défaut de paiement et d'insolvabilité, le recours à ses services est inévitable. Il n'existe pas d'autres mécanismes de sauvetage. Et les solutions préconisées, hier, dans le rapport rendu public pour remédier à la situation économique actuelle sonnent comme un avertissement. Le message doit être ainsi compris et décodé par le gouvernement. Malheureusement, il ne reste plus beaucoup de temps d'où l'urgence aujourd'hui de réfléchir sérieusement aux réformes économiques à engager sans plus tarder. Il ne devrait plus y avoir de projections farfelues et irréalistes, mais des actions immédiates, pourquoi pas anticiper celles qui nous seront éventuellement dictées par le Fonds monétaire international. Des actions telles que celles visant la compétitivité des entreprises, la rationalité des dépenses, le ciblage des subventions, ou l'amélioration du climat des affaires ne feraient pas plus de mal que les «oukases» du FMI si demain la situation nous imposait de nous adresser à lui.