"Peut mieux faire !" Une phrase qui résume, en fait, l'ensemble des observations du Fonds monétaire international (Fmi) à propos de la stratégie adoptée par l'Algérie face à la crise pétrolière qui secoue le monde. Des avancées sont signalées quant à la politique économique prônée par notre pays, mais selon le Fonds, des lacunes persistent toujours. La mission du FMI, qui a séjourné à Alger du 7 au 20 mars, estime qu'il est important d'éviter une réduction "trop abrupte" du déficit des finances publiques, pour atténuer le risque d'un très fort ralentissement de la croissance. Il s'agit, a expliqué le chef de la mission du FMI, Jean-François Dauphin, d'entreprendre des réformes "structurelles de vaste portée" dans le cadre d'une stratégie d'ensemble, conçue et séquencée de telle sorte que les réformes se renforcent mutuellement et que le poids de l'ajustement économique soit équitablement partagé. Les réformes devraient être axées sur "le remplacement progressif des subventions à l'énergie, qui sont coûteuses et bénéficient surtout aux ménages aisés, par un soutien direct aux personnes les plus défavorisées", a-t-il proposé. La mission du FMI plaide également pour l'amélioration de l'efficacité et la réduction du coût des investissements publics, tout en préservant l'investissement dans la santé, l'éducation et les systèmes de protection sociale "bien ciblés". Au cours d'une conférence de presse qu'il a animée à l'issue de sa mission, M. Dauphin a mis en avant la résilience de l'activité économique de l'Algérie en dépit de la conjoncture pétrolière actuelle et préconisé un redressement économique plus graduel, tout en préservant les acquis sociaux. "Le redressement des finances publiques devra s'inscrire dans la durée, car les cours du pétrole devraient rester bas et les réserves d'hydrocarbures ne sont pas inépuisables", a-t-il averti. L'effort de redressement, rendu possible grâce au niveau relativement bas de la dette publique et celui des réserves de change, devrait reposer surtout, a-t-il souligné, sur l'élargissement de l'assiette fiscale, avec l'amélioration du recouvrement de l'impôt et la rationalisation des exonérations fiscales et la maîtrise des dépenses courantes. Il a suggéré aux autorités algériennes de prendre en considération une gamme plus large d'options de financement, y compris les "emprunts extérieurs et la cession d'actifs publics". "Bonne gouvernance et transparence..." Le représentant du FMI a recommandé, en un mot, une adaptation "durable" de l'économie algérienne au choc pétrolier qui devrait encore durer. Le défi consiste donc à choisir une combinaison de politiques économiques qui facilite l'adaptation économique durable, au moindre coût, en termes de croissance et d'emploi, a-t-il ajouté. Pour lui, il est nécessaire de libérer le potentiel du secteur privé qui devra "remplacer progressivement le secteur public". Jean-François Dauphin n'a pas omis de soulever, encore une fois, la problématique du climat des affaires qui devrait être "amélioré davantage" et l'accès au crédit facilité. Il appelle les pouvoirs publics à "renforcer la gouvernance et la transparence, à rendre le marché du travail plus efficace, à promouvoir la participation de la femme à la vie active et à ouvrir plus largement l'économie aux investissements étrangers". Cela passe, avouera-t-il, par l'"assouplissement stratégique" de la règle 51/49% du capital et qui régit l'investissement étranger en Algérie. L'Algérie est aussi appelée à poursuivre ses efforts visant à rendre l'économie moins tributaire des hydrocarbures et de libérer le potentiel du secteur privé. Par ailleurs, les politiques monétaire et financière devront soutenir ces réformes, a relevé le chef de la mission qui favorise, dans ce sens, la poursuite des efforts, en vue d'aligner le dinar sur la situation fondamentale de l'économie, combinée à des mesures visant la résorption du marché parallèle des changes. Les conclusions préliminaires de l'institution internationale indiquent que l'activité économique a été globalement "résiliente", mais la croissance s'est ralentie dans le secteur hors hydrocarbures sous l'effet de la réduction des dépenses et est estimée à 3,4% pour 2016. Quant au taux d'inflation, il est passé de 4,8% en 2015 à 6,4% en 2016 et se chiffrait à 8,1% en glissement annuel, en janvier 2017, alors que le taux de chômage a atteint 10,5% en septembre 2016. B. K.