La multiplication des déclarations sur les garanties de transparence des prochaines élections législatives ne rassure pas les partis de l'opposition. Ces derniers prennent les dernières déclarations d'Ahmed Gaïd Salah avec des pincettes. Dire que «les personnels de l'ANP voteront à l'extérieur des casernes» ne semble pas convaincre. Et pour cause, ce n'est pas la première fois que de tels déclarations et propos sont lancés à la veille des échéances électorales, estiment nombre de partis politiques habitués à ce discours. «Ce n'est pas la première fois qu'on parle du vote des éléments de l'armée en dehors des casernes. Même avant, en 2012 notamment, on l'avait promis», a réagi d'emblée Hassene Ferli, secrétaire national chargé du pôle communication au Front des forces socialistes (FFS). Joint par nos soins hier, le même responsable ne se fait pas trop d'illusions : «Ces propos ne nous étonnent pas, mais il n'est pas certain que le vote des éléments de l'armée découlera du choix personnel de chacun», a-t-il ajouté, dans une allusion qu'il peut bien y avoir consigne de vote. Pour le FFS, explique encore son chargé de communication, «même la Hiise qui n'est pas l'émanation d'une constitution consensuelle n'est pas en mesure de garantir la transparence du scrutin». Les prochaines législatives, conclut Hassene Ferli, «se tiennent dans les mêmes conditions que les précédentes», et le parti y participe uniquement «parce qu'il veut profiter de la campagne pour occuper l'espace public et expliquer le projet de reconstruction du consensus national». Même son de cloche chez le Parti des travailleurs (PT) qui ne voit de garanties que lorsqu'il y a une réelle volonté politique de ne pas exploiter l'institution militaire. Pour Ramdane Taazibt, «il y a toujours des soupçons». «Y a-t-il des garanties qu'un militaire ne votera qu'une seule fois, d'autant plus qu'il est encore difficile de vérifier tant que les partis ne détiennent pas le fichier national électoral ?», se demande le député sortant du PT, estimant que «seule une volonté politique de ne pas utiliser les voix des militaires constitue la ga-rantie». De maniè-re générale, «la fraude a déjà commencé», explique-t-il, rappelant «l'achat de consciences lors de la collecte des parrainages et la corruption enregistrée dans la confection des listes de candidatures». Le candidat du PT à Alger pense que «le problème de transparence est d'abord politique» car, sur le plan de la loi notamment, «il n'y a pas tellement d'amélioration, malgré la mise en place de la Hiise». Le fait qu'il n'y ait pas de représentants de partis qui siègent au sein de l'instance d'Abdelwahab Derbal «anime les doutes», soutient-il. Du côté des partis islamistes, l'on ne se cache pas derrière les déclarations, puisque d'après eux, seul le terrain est à même de prouver leur sincérité. «Nous ne pouvons qu'espérer le respect du choix de nos militaires», a déclaré Lakhdar Benkhellaf, député sortant du Front pour la justice et le développement (FJD), candidat tête de liste à Constantine de l'Union pour Ennahda, El Adala et El Bina. Il rappelle à cet effet qu'«en 2012, des rassemblements ont eu lieu dans les casernes le matin du vote, où l'on a expliqué aux éléments de l'armée que ‘'serment avait été donné au FLN''». Ce qui est une consigne directe de vote en faveur du parti FLN. D'où les doutes qu'affiche Benkhellaf qui préfère «attendre le 4 mai pour s'assurer de la bonne foi des propos des responsables au pouvoir». C'est dire que quand bien même l'institution militaire s'en est lavée les mains par rapport au vote du 4 mai, il est encore prématuré chez les partis de l'opposition de croire à une élection libre et transparente au sens propre du terme.