On a beau essayer cataloguer le gouvernement Tebboune, on n'y arrivera pas. Il échappe presque à tout étiquetage. Il n'est pas tout à fait technocratique, mais il n'est vraiment pas politique non plus. C'est un dosage inédit qui incite à se poser des questions sur l'utilité des élections législatives dès lors que l'exécutif n'est pas forcément puisé des effectifs des partis ayant gagné le scrutin. Il est vrai que rien n'oblige le président de la République à nommer qui il veut où il veut et quant il le veut à des postes au gouvernement. Même le Premier ministre est un simple «coordinateur» de l'exécutif qui peut, tout au moins, être consulté. Abdelmalek Sellal que tout le monde donnait partant pour un ultime tour avant la présidentielle de 2019, a été remercié après avoir conduit les consultations avec les partis politiques. C'est curieux mais c'est comme cela que ça se passe en Algérie. Rien n'est acquis d'avance, et rien n'est compromis non plus. Le renvoi de Sellal et Bouterfa et à un degré moindre de celui de Ramtane Lamamra, ont surpris, voire choqué. Quels sont donc ces sacro-saints critères qui président au choix de personnes à qui l'on confie des hautes responsabilités exigeant compétence et intégrité ? Quand on examine les CV de certains nouveaux ministres du gouvernement Tebboune et les bilans de quelques anciens, on est en droit de se poser des questions. On y retrouve du bon, parfois du très bon même, du moins bon, et du mauvais, malheureusement. A trop vouloir faire plaisir à certains, remercier des soutiens, justifier la règle non écrite de l'équilibre régional, on en arrive à ce type d'attelage pas très rassurant en terme de contrats programmes. Les états de services de certains d'entre eux dans leurs secteurs respectifs sont tout simplement faméliques. Que peut-on attendre d'un jeune de 32 ans qui n'a aucun antécédent professionnel en lui confiant le très sensible ministère du Tourisme ? Ou encore d'un wali que l'on bombarde à la tête d'un grand ministère ? Avec toute sa bonne volonté, sa qualité de meneur d'hommes et sa compétence, Abdelmadjid Tebboune aura bien du mal à conduire tout ce beau monde. Quid des partis politiques sortis «vainqueurs» le 4 mai dernier ? Ironie du sort, le FLN et le RND font pâle figure dans le gouvernement Tebboune bien qu'ils aient raflé la majorité des suffrages exprimés. Ces deux partis du pouvoir ne sont curieusement pas au... pouvoir ou si peu, si l'on se fie au nombre de maroquins dont ils ont hérité. Les résultats des législatives qui ont consacré la défaite politique de tous les partis, voire celle du gouvernement qui a reçu une claque, semblent avoir joué dans la formation de cette équipe hétéroclite. Sans doute le président a-t-il voulu sanctionner son Premier ministre et faire subir les dommages collatéraux aux partis qui ont échoué à porter ses couleurs, sa voix mais surtout son programme. D'où ce casting qui fait la part belle aux cadres des entreprises publiques, aux militants associatifs et aux walis. Pour autant, il n'est pas exempt de tout reproche. Le renvoi de Noureddine Bouterfa de l'Energie par exemple, doit être élucidé et expliqué. On ne peut pas porter aux nues un homme durant quelques mois et le descendre subitement de son piédestal comme cela, sans raison ! De même qu'on ne peut pas se permettre de nommer des personnes dont le niveau ne correspond a priori pas au profil requis pour un poste. A fortiori dans un contexte de crise financière et économique qui exige un engagement et une compétence avérée pour négocier au mieux la situation. Tebboune promet de mettre de l'ordre dans tous les secteurs. On ne demande qu'à le croire…