D'habitude si prompte à réagir de façon épidermique et à coups de discours et autres «analyses» et débats, lorsqu'il s'agit du moindre «incident» se déroulant en Algérie, l'ancienne colonie, la France, ses politiques et ses médias adoptent un profil bas lorsque la grogne commence à prendre dans son ancien protectorat, pour ne pas heurter leur «ami le roi». Les tensions et les protestations multiples qui ont secoué le Maroc depuis au moins les évènements dits du 20 février 2011 qui ont obligé le Roi du Maroc Mohammed VI à opérer d'importants changement institutionnels et à revoir sa copie, si elles ne sont pas passées sous silence en France, on leur trouve souvent «des circonstances atténuantes» et des éléments à charge contre «les fauteurs de trouble». Souvent aussi, on cherche à identifier les instigateurs de ces manifestations qui dénotent du ras-le-bol que vit la population marocaine, non seulement dans les régions pauvres comme le Rif, mais aussi dans les quartiers populaires à la périphérie des grandes villes à l'instar de Marrakech où de somptueuses résidences et autres villas sont mises à la disposition de la jet-set parisienne. On épouse même les thèses du Makhzen, selon lesquelles ces derniers sont, soit des activistes islamistes, soit des séparatistes. Il y a surtout une certaine gêne en France à évoquer directement «les droits de l'homme» au Maroc dans le pays où «liberté, égalité, fraternité», est la devise de la République. S'il est vrai que dans les milieux intellectuels, plus spécifiquement dans celui de l'édition, il y a profusion d'œuvres qui mettent à nu les manœuvres du roi chérifien et ses sbires et les souffrances endurées par les Marocains sous le règne «arrogant» de Mohamed VI et bien avant le sien, celui de son père Hassan II, il est plus qu'avéré que la classe politique française dans sa majorité (gauche et droite) qui pratique la politique des «deux poids, deux mesures», d'autant plus lorsqu'il s'agit de sauvegarder ses intérêts, ménage son ami qui n'a jamais lésiné sur les moyens pour faire adhérer à ses thèses expansionnistes, les plus récalcitrants politiques en vue de l'Hexagone. La France officielle a toujours soutenu le régime chérifien. En témoigne l'alignement inconditionnel de tous les gouvernements français derrière le projet d'autonomie marocain en ce qui concerne le Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, tout en mettant en avant, par hypocrisie certainement, quand les choses s'enveniment sur cette question, la nécessité de respecter les résolutions des Nations Unies. Les pseudos «réformes profondes et globales» initiées par Mohamed VI, alors que son pays risquait l'embrasement en 2011 dans le sillage du «Printemps arabe», des réformes saluées par les dirigeants de la France, sont «un grand malentendu», pour paraphraser Ali Amar, journaliste marocain, n'ont apporté ni «important» changement, ni démocratie, ni justice sociale. La révolte du Rif qui dure depuis plusieurs mois, vient d'ailleurs rappeler au Roi du Maroc et à ses soutiens la fragilité d'un système où l'oppression et l'étouffement de toutes les voix discordantes, aspirant à vivre dans la paix et la dignité sont érigées ont règle d'or. C'est le cas aussi dans beaucoup d'autres pays de la sphère arabe et méditerranéenne. Une région aujourd'hui sur un volcan, à cause de nombreux «soutiens» comme la France va-t-en guerre.