Quinze jours après la nomination du gouvernement de Abdelmadjid Tebboune, le secrétaire général du RND rompt le silence et lui apporte son soutien. Ahmed Ouyahia a, tout en critiquant la démarche populiste de l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, appelé son successeur à s'éloigner de la démagogie. «Nous saluons les efforts investis par le gouvernement sortant. Nous félicitons aussi le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et les membres de son gouvernement, et nous leur souhaitons plein succès, en les assurant du soutien du Rassemblement», a déclaré, hier, le patron du Rassemblement national démocratique (RND), dans un discours d'ouverture de la 3e session ordinaire du Conseil national du parti, tenue à Zéralda. Très attendu, Ouyahia, dont la formation politique ne compte pourtant que 3 ministres au sein du nouvel Exécutif, ne pouvait que s'exprimer en faveur des choix du président Bouteflika, n'omettant pas au passage de rappeler son engagement particulièrement à ses côtés et de manière générale pour l'Algérie. «Durant les terribles années de la tragédie nationale, notre Rassemblement a fait partie du mouvement de redressement national. Aujourd'hui également, notre Rassemblement entend s'investir pleinement au service de l'Algérie», a assuré Ahmed Ouyahia pour qui «l'Algérie a plus que jamais besoin de faire reculer le populisme et la démagogie, de mobiliser plus d'efforts et de rationalité, et de réaliser les réformes nécessaires sans perdre plus de temps». Des messages qui semblent être des «conseils» au Premier ministre Abdelmadjid Tebboune qu'il appelle donc à rompre avec les pratiques et le discours de son prédécesseur, Abdelmalek Sellal. D'ailleurs, il a tenu à insister sur l'urgence de réaliser les réformes «sans perdre plus de temps». Mais, tout en restant le bon soldat qui réitère son «soutien» au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avec qui l'Algérie a «accompli des progrès majeurs dans tous les domaines du développement», le patron du RND a tout de même relevé le fait que malgré la crise financière, «notre pays maintient une politique sociale quasi unique dans le monde, une politique qui a besoin d'être davantage mise en valeur». Ceci est justifié par le budget réservé aux transferts sociaux pour l'année 2017, de l'ordre de 18 milliards de dollars, alors que les revenus extérieurs du pays ont chuté à 37 milliards de dollars l'année dernière. Pour mener l'Algérie à bon port, Ouyahia plaidera pour le rassemblement des efforts : «La bataille que notre pays doit mener pour triompher de la crise financière, progresser dans la construction d'une économie diversifiée, et répondre aux besoins d'une population en forte croissance, invite tous les acteurs politiques, syndicaux et patronaux, à la sérénité et au dialogue pour l'émergence d'un consensus national économique et social». La crise et les législatives Et comme il ne s'est jamais exprimé sur les législatives, le score obtenu par le RND et le faible taux de participation qui a fait durer les débats et la chronique durant des jours, Ouyahia s'est d'abord félicité que son parti soit sorti «renforcé». Par la suite, il mettra ce rendez-vous dans son contexte où «l'Algérie fait face, depuis près de trois années, à un recul sévère de ses revenus tirés des exportations d'hydrocarbures». «Une réalité (…) qui semble destinée à durer», admet-il encore. Des précisions qu'il a bien choisi de citer pour justifier, plus tard, un faible taux de participation (35.37%) des plus catastrophiques. Qualifiant d'«honorables» les conditions du déroulement des élections du 4 mai, le SG du RND reconnaît que «le taux de participation des électeurs a été particulièrement faible et nous interpelle». Cependant, Ouyahia, dont le parti dispose désormais de 100 députés, n'ira pas jusqu'à se tirer une balle dans le pied. «Ce niveau de participation ne remet guère en cause la légitimité de l'Assemblée populaire nationale comme le proclament certaines voix», a-t-il lâché sans aucun complexe. Et de faire dans son exercice préféré de comparaison avec les pays développés : «nous en voulons pour preuve le fait que, en Europe aussi, des Parlements ont été élus avec des taux de participation inférieurs à 40%». Pour Ahmed Ouyahia, cette faible participation des Algériens aux élections «reflète plutôt la préoccupation de nos compatriotes devant les premiers effets de la crise économique sur la population». Contrairement à toutes les analyses politiques qui sont allées jusqu'à parler d'«un rejet citoyen» et d'une «prise de distance par rapport à un régime à bout de souffle», ce taux est réduit pour refléter aussi, aux yeux d'Ouyahia, «un certain degré de mécontentement des citoyens devant les problèmes qu'ils rencontrent dans leur vie quotidienne, du fait de la bureaucratie ou d'autres maux sociaux». Après ce conseil national dont les travaux seront clôturés aujourd'hui, Ouyahia animera demain une conférence de presse au siège du parti, où il est attendu sur beaucoup de questions d'actualité.