Pour sa première sortie médiatique depuis les élections législatives, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), a axé son discours, à l'ouverture des travaux de la 3e session du conseil national de son parti, sur la crise économique et les difficultés auxquelles fait face l'économie nationale avec le recul des revenus de l'Etat. «La chute du prix du baril a impacté sérieusement le budget de l'Etat qui est le moteur du développement national», a-t-il déclaré. Il a rappelé que l'Algérie fait face depuis près de trois années à un recul sévère de ses revenus. Une situation qui «semble être partie pour durer» et pèse, dira-t-il, négativement sur les capacités d'investissement de l'Etat. Pour pouvoir s'en sortir, le patron du RND, et de surcroît directeur de cabinet de la Présidence, invite tous les acteurs politiques, syndicaux et patronaux à la sérénité et au dialogue pour l'émergence d'un consensus national économique et social. M. Ouyahia plaide également pour un nouveau mode de gestion consistant à travailler plus et à s'éloigner du populisme et de la démagogie. «L'Algérie a plus que jamais besoin de faire reculer le populisme et la démagogie, de mobiliser plus d'efforts et de rationalité et de réaliser les réformes nécessaires sans perdre plus de temps», lance-t-il, allusion probablement au chef de l'Exécutif sortant ! A ce propos justement, le secrétaire général du RND a fini par s'exprimer sur les changements opérés au sein de l'Exécutif. Il a félicité et apporté son soutien à l'équipe gouvernementale dirigée par le nouveau Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune. Le RND dirigé par Ouyahia promet de s'impliquer activement sur le terrain et d'accompagner l'Exécutif à l'explication de la situation économique et sociale, et à la promotion d'un message d'espoir mobilisateur en vue de dépasser la crise financière. M. Ouyahia a fustigé, en outre, ceux qui tentent d'exploiter les difficultés financières actuelles du pays comme argument politicien arguant que l'Algérie a accompli des progrès majeurs, notamment en matière d'emplois, de logements et d'infrastructures. Il reste que le leader du RND est convaincu que le remaniement profond opéré par le président Bouteflika est sans doute destiné à «injecter un souffle» nouveau à la gestion des affaires du pays. S'agissant de la percée de son parti lors des élections législatives, Ahmed ouyahia a affiché sa satisfaction quant au score réalisé, avant de préciser que le RND est sorti premier dans 25 wilayas et deuxième dans 17 autres. Pour lui, les élections législatives se sont déroulées dans des conditions «honorables», mais le faible taux de participation interpelle son parti. Seulement, selon M. Ouyahia, ce niveau de participation ne remet guère en cause la légitimité de l'Assemblée comme le proclament certaines voix, et il en veut pour preuve le fait qu'en Europe aussi des Parlements ont été élus avec des taux de participation inférieurs à 40%. En tentant de donner une explication au désintéressement de la population, M. Ouyahia dira que cela témoigne, entre autres, d'un certain degré de mécontentement des citoyens devant les problèmes qu'ils rencontrent dans leur vie quotidienne du fait de la bureaucratie, de l'effet de la crise ou d'autres maux sociaux. M. Ouyahia pointe également du doigt les députés qui ont participé à ce désarroi à travers le fort taux d'absentéisme durant les plénières.