Son silence, depuis les dernières élections législatives, a ouvert la voie à moult spéculations. Mais lorsqu'il s'est mis à parler, il n'a pas dérogé à la réputation qui fait le personnage : un discours sobre conforme à la culture de l'Etat dont il a fait sa marque de fabrique. àl'ouverture des travaux du conseil national de son parti, hier, à Zéralda, Ahmed Ouyahia semblait beaucoup plus attaché à couper court aux interrogations nées dans la foulée des élections et à "mettre de l'ordre dans la maison", en proie à quelques remous, qu'à s'attarder sur les questions qui agitent la société — notamment les derniers événements comme le spectaculaire limogeage du ministre du Tourisme et de l'Artisanat et les dérapages de la chaîne Ennahar — et ses projections pour les futures échéances, particulièrement la présidentielle à laquelle beaucoup lui prêtent des ambitions dissimulées. À peine a-t-il tenu à rappeler "ses vérités", concernant la conduite à prendre dans la gestion des affaires publiques, comme cette bataille que le pays doit livrer "au populisme et à la démagogie", des critiques qui se déclinent comme à charge à l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et comme mise en garde contre l'actuel Premier ministre. "Hier, durant les terribles années de la tragédie nationale, notre Rassemblement a fait partie du mouvement de redressement national. Aujourd'hui également, notre Rassemblement entend s'investir pleinement au service de l'Algérie, l'Algérie qui a plus que jamais besoin de faire reculer le populisme et la démagogie, de mobiliser plus d'efforts et de rationalité et de réaliser les réformes nécessaires sans perdre plus de temps", a-t-il affirmé devant les membres du conseil national au milieu desquels ont notait, entre autres, la présence du président du Sénat, Abdelkader Bensalah, l'ex-ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb, et Saïd Abadou. En insistant sur la nécessité de "ne pas perdre du temps", Ouyahia semble s'adresser directement au nouveau Premier ministre et aux membres de son gouvernement "qu'il félicite" et auxquels il souhaite "plein succès", en les assurant du soutien du Rassemblement. Aussi, salue-t-il, sans doute par conformisme diplomatique, "les efforts investis par le gouvernement sortant". Selon Ahmed Ouyahia, le récent remaniement du gouvernement est "sans doute destiné à injecter un souffle nouveau à la gestion des affaires du pays". Pour un consensus économique et social Comme pour accompagner l'Exécutif dans la bataille de redressement socioéconomique face à la crise "appelée à durer", le RND, soutient encore Ouyahia, "entend participer activement sur le terrain à l'explication de la situation économique et sociale, et à la promotion d'un message d'espoir mobilisateur, pour accompagner les efforts de notre pays en vue de dépasser la crise financière". Ses arguments ? Les "réalisations" accomplies par le président Bouteflika auquel il réitère le "soutien" du parti, "des acquis, des réalités qu'il faut opposer à tous ceux qui tentent d'exploiter les difficultés financières actuelles du pays, comme argument politicien", dit-il ; le maintien des transferts sociaux estimés à quelque 18 milliards de dollars "qui ne reflète pas une politique antisociale comme le proclament certaines voix", comme pour épingler Louisa Hanoune, et enfin, le défi sécuritaire en appelant au soutien des "services de sécurité". "Nous considérons aussi que la bataille que notre pays doit mener pour triompher de la crise financière, pour progresser dans la construction d'une économie diversifiée et répondre aux besoins d'une population en forte croissance invite tous les acteurs politiques, syndicaux et patronaux à la sérénité et au dialogue pour l'émergence d'un consensus national économique et social", plaide Ouyahia. Qualifiant "d'élogieux" le résultat du parti aux législatives, le SG du RND soutient que la "consultation électorale s'est déroulée dans des conditions honorables" même si le "faible taux de participation", imputé aux effets de la crise, interpelle. Mais il ne remet guère en cause la légitimité de l'Assemblée, proclame-t-il. Karim Kebir