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Chaâbi: Ces chanteurs qui stagnent
Publié dans Le Temps d'Algérie le 11 - 06 - 2017

Il est étonnant que depuis la fameuse El Assima d'Abdelmadjid Meskoud, aucun chanteur de chaâbi n'a pu nous offrir une aussi belle chanson.

En effet, durant ce Ramadhan, on a remarqué que des dizaines de chanteurs connus et moins connus sont programmés dans les salles de spectacles et les espaces publics de la capitale mais aucun d'eux n'a pu enregistrer depuis au moins vingt ans, une chanson à succès comme c'était de coutume dans les années 1970-1980.
A notre connaissance, la dernière chansonnette à grand succès a été El Assima d'Abdelmadjid Meskoud, sortie en 1989.
Pourquoi aucun chanteur n'a pu enregistrer une chanson d'aussi bonne qualité depuis ce succès ? Les motifs sont multiples.
D'abord, la période de la décennie noire qui a pratiquement bloqué toutes les activités artistiques, la disparition de grands paroliers et de compositeurs tels que Bati et Hachlaf, et l'arrivée de réalisateurs et des programmateurs d'émissions télévisées et de concerts qui ne sont pas du tout exigeants pour ce qui est de la qualité des produits proposés.
En effet, si dans les années 1970, la télévision algérienne exigeait des chanteurs de belles paroles, de belles musiques et une interprétation parfaite, aujourd'hui, les chaînes nationales et privées programment des chanteurs se déclarant professionnels pour passer avec des textes qu'ils écrivent eux-mêmes.
Et même si certains, ont trouvé l'astuce en proposant des textes anciens de grands poètes tels que Ben Msaïb ou Lakhdar Benkhlouf, ils ne daignent même pas apprendre les paroles, car on leur permet de mettre devant eux un pupitre, c'est-à-dire le cahier.
On se demande comment un chanteur qui n'apprend pas son texte, peut interpréter une chanson à l'aise. On se demande, aussi, pourquoi ces chanteurs tentent d'écrire eux-mêmes les paroles, composer eux-mêmes la musique alors qu'ils ne sont ni paroliers ni compositeurs. Il paraît que c'est pour gagner plus d'argent au niveau des droits d'auteur.
Ces chanteurs, ne savent-ils pas qu'ils gagneraient beaucoup plus s'ils enregistrent un grand succès en se faisant aider par des gens du domaine ? Ne savent-ils pas qu'au niveau mondial, les chanteurs qui peuvent écrire et composer sont très rares ? En France, par exemple, il n'y a que quelques chanteurs qui ont écrit, et pas toujours leurs chansons.
C'est le cas de Léo Ferré, de Georges Brassens et de Jacques Brel. En Algérie, il y a aussi quelques chanteurs tels que Rabah Driassa qui peuvent écrire et composer mais c'est toujours une rareté.
La volonté
Les plus grands artistes algériens des années 1960-1970 tels que Lamari, Guerouabi, Seloua, Nora etc., nous offraient régulièrement de belles chansons, car ils laissaient l'écriture du texte et la composition musicale aux spécialistes, et ne s'occupaient que de l'interprétation.
Et même, pour cette spécialité, ils trouvaient de bons conseils auprès des grands compositeurs et musiciens, comme Maâti Bachir, Mohamed Mokhtari Mustapha Skandrani etc. Enfin, les chanteurs d'autrefois produisaient des succès car ils étaient bien entourés et avaient de la volonté. Ceux d'aujourd'hui n'ont qu'à suivre leur voie pour avoir leur valeur.


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