Cinquante années se sont écoulées mais le poète ne fléchit pas. Un demi-siècle de carrière artistique, il ne courbe pas l'échine. Il est là, face à son public, comme à ses vingt ans, trente ans. Egal à lui-même. C'est de Lounis Aït Menguellet qu'il s'agit. Lui, le poète, le philosophe, le sage. Il a pu conquérir les centaines de fans qui se sont déplacés dans la soirée de vendredi à la salle de spectacle de la maison de la culture Ali-Zaâmoum de Bouira. Etant artiste de la trempe d'Aït Menguellet, on ne vieillit pas. Les années ne comptent pas non plus. Il n'y a que la musique, le public et cette complicité qui s'établit à chaque spectacle. À 22h, la salle est déjà pleine. Dehors, des centaines de fans se bousculent pour y accéder. C'est la première fois, depuis le début de Ramadhan, qu'un gala artistique attire beaucoup de monde. Sur la scène, on annonce l'arrivée de l'artiste et de ses musiciens. Les premières chansons interprétées furent un long voyage dans le temps. Les années d'or. Les éternelles chansons d'amour de la femme, l'amour du pays, l'exil, qui ont bercé plusieurs générations d'Algériens. Telteyam, ughaled a yudrif, Djamila et d'autres chansons. Le public était aux anges. Jeunes, vieux et femmes n'ont pas cessé de chanter en chœur les refrains des chansons. D'autres n'hésitaient pas à occuper la piste et danser. L'artiste a, également, interprété deux chansons de ses deux derniers albums. Dans l'une d'elles, il a rendu un vibrant hommage à la femme. Il faut souligner que les femmes étaient présentes en force lors de ce gala. Pour sa dernière chanson, Keccini ruh nek adeqime, c'est un hommage rendu par Aït Menguellet à un autre pilier de la chanson kabyle, mort et enterré en exil, Slimane Azem. Une chorale a été improvisée avec le public. Tout le monde répétait le refrain de la chanson sans aucune fausse note. L'artiste à ce moment était tel un augure. Ce n'est, là, que de l'amour et du respect de ces fans à l'artiste, au poète. A la fin du spectacle, le premier responsable de la wilaya, qui assistait au gala, a remis un burnous au chanteur. Les nuits ramadhanesques continuent. Il y aura encore deux icones de la chanson algérienne, Akli Yahiatène et Abdelkader Chaou qui sont attendus à Bouira.