Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale devra, peut-être, revoir sa communication lorsqu'il s'agit de s'adresser aux partenaires sociaux. Les syndicats autonomes n'ont pas apprécié les déclarations de Mourad Zemali qui a presque usé de menaces, lundi, déclarant qu'il comptait fixer un ultimatum concernant leurs propositions sur l'avant-projet de code du travail, faute de quoi «nous serions obligés de faire sans eux». Rappelant que depuis son installation, il n'y a jamais eu de rencontre ni d'invitation officielles, des membres de l'intersyndicale autonome de la Fonction publique estiment que Zemali «devra absolument revoir sa co-pie». «C'est la première fois que j'entends dire qu'il nous a été demandé de formuler des propositions», a d'emblée réagi Messaoud Boudiba, chargé de la communication au Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste). Joint hier par nos soins, le syndicaliste s'est montré surpris que le ministre du Travail adopte un tel discours quelques jours seulement après sa nomination à la tête du secteur. Boudiba rappelle que la copie de l'avant-projet de code du travail a été remise aux partenaires sociaux au mois d'avril dernier, du temps de Mohamed El Ghazi. Mais, «à aucun moment il n'a été question d'un délai pour formuler des amendements et autres propositions», précise-t-il. Et même si, désormais, une date venait à être fixée, «il faut d'abord ouvrir le dialogue et tenir des rencontres de concertation sur lesquelles une base de travail devra être déga-gée». Le porte-parole du Cnapeste, membre de l'Intersyndicale, rejette ce qu'il qualifie de pression exercée sur les partenaires sociaux, et craint de voir ce texte d'une importance capitale être bâclé et envoyé à l'APN pour adoption. «Nous sommes pour le dialogue et la concertation et nous refusons toute forme de pression car nous ne voulons pas que soit réédité le scénario de la réforme de la retraite qui est toujours rejetée», dira Boudiba. Et d'ajouter : «Il n'est pas question de faire passer le code du travail sans que les concernés (les travailleurs) et leurs représentants légitimes y soient associés». Plus virulent, Boualem Amoura dénonce «un ministre qui délire». Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), a tenu à apporter certaines précisions. Comme son partenaire du Cnapeste, il précise que lorsque les syndicats ont été destinataires de la mouture du projet de code du travail, «c'était pour information». De plus, il y a des syndicats qui n'ont, à ce jour, pas reçu officiellement la copie du texte et «se sont contentés de la récupérer auprès de ceux qui l'avaient», nous dira notre interlocuteur. Toujours selon lui, «depuis la rencontre du 16 janvier au ministère du Travail, c'est le silence radio». «Aucun contact n'a été entrepris depuis ce rendez-vous et le nouveau ministre a déclaré lors de sa prise de fonction qu'il instaurerait le dialogue avec les partenaires sociaux. Malheureusement, au lieu de cela, nous avons eu droit à des menaces», fulmine Amoura. Et de lâcher sur un ton ironique : «Ce n'est pas parce qu'en France un projet similaire va être adopté à l'Assemblée au mois de juillet que nous aussi on fera de même. On n'est pas la France». Pour notre interlocuteur, Mourad Zemali «doit tout simplement revoir sa copie». Cela dit, les syndicats n'ont pas perdu de temps. Une commission de travail a été installée au sein de l'Intersyndicale pour élaborer un document commun de la vision et des propositions pour ce projet. Cette commission devrait d'ailleurs se réunir aujourd'hui au siège du Snapest.