19 juin 1965-19 juin 2017. L'Algérie commémore aujourd'hui le 52e anniversaire du coup d'Etat menée par l'armée contre le président de la République. Le 19 juin 1965, trois ans à peine après l'indépendance du pays, le chef d'état-major de l'armée, Houari Boumediene, soutenu par les principaux chefs de l'ANP de l'époque, a renversé le président Ahmed Benbella. Les clivages de l'époque et les luttes d'intérêt depuis le 5 juillet 1962, date de l'indépendance, ajoutés à l'insurrection armée du FFS, ont été couronnés par le coup d'Etat de Boumediene pour entamer ce qu'il appelait «le redressement révolutionnaire». A l'indépendance déjà, un conflit sanglant avait opposé le Gouvernement provisoire de l'Algérie, négociateur des Accords d'Evian, à l'armée des frontières conduite par Boumediene qui a décidé de porter au pouvoir Ahmed Benbella. Ce dernier imposera son autorité avec le soutien des militaires, isolé et liquidant les opposants qui risquaient de lui mener la vie dure. Il a dû faire face à la lutte armée du FFS conduite par son chef historique, le défunt Hocine Aït Ahmed. Mais le 16 juin 1965, le FLN et le FFS signeront un accord historique qui met fin à une guerre de deux ans. Mais trois jours plus tard, Houari Boumediene, ministre de la Défense, passe à l'acte et met fin au règne de Benbella qui ciblait quelques semaines auparavant ses proches. C'est Tahar Zbiri, hissé entre temps au rang de chef d'état-major de l'ANP, qui sera chargé d'opérer le coup d'Etat et d'arrêter Benbella. Accompagné d'Ahmed Draïa, directeur de la Sûreté et Saïd Abid, et d'une quinzaine de soldats, des chefs de bataillon de l'Ecole de Cherchell, Zbiri réveillera le président à plus d'une heure du matin, pour lui annoncer la décision et signifier «la fin de la comédie». «Au nom du Conseil de la Révolution, j'ai l'ordre de vous arrêter sous l'inculpation de haute trahison», lui lancera-t-il. Encadré par les trois officiers, le président monte dans une voiture noire qui l'amène vers une destination inconnue. Boumediene, dans son quartier général, attend le rapport de ses hommes ; le téléphone sonne, au bout du fil, le colonel Zbiri : «Mission accomplie», lui dira-il. À l'aube, l'armée vient de prendre le pouvoir et les Algérois découvrent des chars et des hommes en tenue de combat postés à tous les points stratégiques de la capitale. Les émissions habituelles de Radio Alger sont remplacées par de la musique militaire et la diffusion de communiqués en boucle en arabe et en français. Le président déchu y est qualifié de «despote» et de «tyran». À 12 h 05, dans un message radiodiffusé, le colonel Boumédiène annonce la création d'un Conseil de la révolution qui assume tous les pouvoirs. «Audacieux, Ben Bella s'est confondu avec l'Etat, il s'est imposé comme l'Etat et le pouvoir, il était Président, chef du gouvernement, ministre des Affaires étrangères, il lui restait à écarter Boumediène pour avoir la Défense. On lui a compté une vingtaine de responsabilités, c'était de la démesure, il fallait y mettre un terme», témoignait 50 ans plus tard Tahar Zbiri dans une interview médiatique. La première raison qui a poussé Boumediene à renverser Ben Bella a été sa crainte que le président s'en prenne à lui, après avoir touché à son entourage. «Il viendra un temps où celui qui lèvera le petit doigt risquera de le perdre», répétait Boumediene, selon le même témoignage. Sauf qu'après sa prise de pouvoir, Boumediene a fait peut-être pire que son prédécesseur. Ironie du sort, le même Tahar Zbiri qui a exécuté le plan de Boumediene a tenté, deux ans plus tard, le 14 décembre 1967, de déposer le président. Une tentative avortée…