La majorité des sénateurs qui sont intervenus hier dans le cadre des débats sur le plan d'action du gouvernement ont exprimé leur soutien «inconditionnel» au texte présenté dans la matinée par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune. Les sénateurs du tiers présidentiel, du FLN et du RND, puisqu'ils constituent la majorité, ont salué les mesures contenues dans le plan d'action, comme celles annonçant la révision des codes communal et de wilaya. Mais parmi toutes ces voix, un autre son de cloche a surgi, critiquant la démarche du gouvernement. Il s'agit du sénateur du FFS, Moussa Tamadartaza, qui doute des capacités de l'Exécutif à honorer les promesses et les engagements inscrits au titre de son plan d'action. «Comment peut-on consacrer l'Etat de droit dans un contexte où les pouvoirs ne sont pas séparés et où la justice n'est pas indépendante ?», s'est-il interrogé. Il ajoutera qu'on ne peut pas parler de bonne gouvernance, pour laquelle le plan d'action du gouvernement consacre un chapitre, dans un cadre de bureaucratie et de centralisation étouffante de l'Etat et dont certains responsables se servent comme moyen pour gérer la société et la rente. L'orateur a expliqué que la centralisation a démontré ses limites partout dans le monde. «La réflexion sur la décentralisation est indissociable de la réflexion sur la réorganisation du pouvoir. On veut la décentralisation des responsabilités et des moyens», a-t-il lancé, avant d'affirmer que la sécurité nationale ne peut être assurée que dans un cadre de bonne gouvernance, de l'Etat de droit et de la justice sociale. Le sénateur du plus vieux parti de l'opposition a appelé à un changement profond et rapide des plans économiques et sociaux à travers la recherche de «solutions consensuelles» aux problèmes que vit la société. Il relève que le plan d'action du gouvernement est caractérisé par une «certaine précarité» et «un manque d'ambition», en plus de l'absence de projets visant à lutter contre le chômage. Par conséquent, il préconise la mise en place d'une nouvelle politique d'emploi, après évaluation des mécanismes et mesures adoptés par le passé. Moussa Tamadartaza a déploré, en outre, l'absence d'une volonté politique pour lutter contre l'évasion fiscale et la corruption, affirmant que l'économie nationale continue à s'éloigner du développement souhaité malgré toutes les richesses dont dispose le pays. En marge des débats, le sénateur du FFS a indiqué que «pour qu'un plan d'action gouvernemental réussisse, il faut qu'il implique toute la société qui est la première concernée par les problèmes que vit le pays, ainsi que les partis politiques et les acteurs économiques». «Il me paraît impensable de construire un Etat de droit en dehors de la démocratisation des institutions et de la séparation des pouvoirs», a-t-il expliqué.