L'absence de création, d'éditeurs avertis et d'imprimeurs qualifiés, pénalise fortement l'édition jeunesse. Un domaine qui n'existe presquepas en Algérie… Pour en parler, la librairie Chaib-Dzair de l'Anep à Alger, a abrité jeudi après-midi, une rencontre sur ce thème animée par Sid Ali Sekhri, ancien libraire, modérateur des rencontres littéraires et consultant à l'Anep. Sekhri fera savoir qu'avant de chercher des livres dédiés aux jeunes, il faudrait d'abord définir l'édition jeunesse. «Lorsqu'on pose la question, c'est quoi l'édition jeunesse ? On nous répond souvent : c'est des livres pour enfant. Alors que c'est totalement faux et c'est là le vrai problème…», a-t-il d'emblée martelé. Il dira que pour cibler cette catégorie de lecteurs, qui est loin d'être «débiles», il est primordial de connaître les aspects et contours qui stimulent la lecture chez les jeunes. En abordant par la suite, les difficultés que rencontre ce type d'édition, Sid Ali Sekhri dira qu'elles sont autres que celles de l'édition de manière générale. «Tout d'abord, l'édition à besoins de créativité et de création. Et dans ce créneau, on accuse le manque de dessinateurs accomplis alors que ce n'est pas le problème. Certes, l'illustration est importante dans ce genre d'ouvrage mais le texte, lui, il l'est encore plus. Car il doit être adapté à l'enfant et à son développement psychoaffectif, entre autres. Et pour cela, la tranche d'âge des jeunes doit être bien définie et ciblée», explique Sekhri. «Aussi, et par manque de créativité, dès qu'il s'agit de livre pour enfants, les éditeurs ont tendance à reprendre les contes universels, alors qu'on devrait à notre tour créer des personnages adaptés à l'actualité du jeune algérien. Alors, avons-nous vraiment besoin d'éditeurs pour les faire ? Vu que l'importation est à moindre prix», a-t-il lancé. Par ailleurs, le conférencier a également mis l'accent sur la problématique des collections et de l'impression. «L'édition pour enfant nécessite un papier particulier sur lequel on met beaucoup de couleurs et des formes, et malheureusement l'imprimeur impose souvent son papier. Aussi, l'absence d'un travail éditorial dans ce créneau reste à désirer. Souvent, des personnes se présentent avec un texte et une illustration et voilà, on leurs édite un livre ! On donne plus d'importance à la couverture et à la forme, qu'au contenu ! Ailleurs, ça ne se passe pas ainsi. Il y a des spécialistes qualifiés dans ce domaine». En outre, Sekhri dira que l'édition jeunesse n'est pas une sous-littérature et qu'au contraire, elle est primordiale dans le processus de préparation de l'enfant à devenir adulte. «On ne s'adresse pas un enfant comme on s'adresse à un débile ! L'enfant a ses besoins et ses exigences et sait détecter la faiblesse des textes qu'on lui propose. Du coup, une formation requise en conséquence, des maisons d'édition et des librairies spécialisées sont nécessaires. Car, le lecteur, et même avec toute cette déferlante technologie qui le submerge, continue d'acheter des livres, importés pour la plupart. Donc, il faut encourager l'édition jeunesse chez nous», conclut Sekhri.