Les programmes de l'habitat rural (Fonal) dans la wilaya de Boumerdès piétinent. Les souscripteurs à cette formule de logement ne savent plus à quel saint se vouer. Les retards enregistrés n'ont fait qu'irriter les demandeurs de logements ruraux. «J'ai constitué mon dossier en mars 2013. Près de cinq ans plus tard, ma décision d'attribution de cette aide de 700 000 DA n'est toujours pas établie», nous dira un villageois de Chabet El Ameur. Ce n'est qu'un simple exemple parmi d'autres qui attendent avec impatience d'habiter un jour un logement décent. Dans cette localité, le nombre de dossiers déposés dépasse les 1 000 alors que l'offre n'a jamais atteint 200 aides. En sus de cela, certains souscripteurs dénoncent le diktat des chargés de ce dossier à l'APC. Un villageois, qui attend sa décision depuis six ans, évoque l'existence d'un trafic à grande échelle dans la gestion de l'aide à l'habitat rural où plusieurs intervenants cherchent à se faire de l'argent sur le dos du demandeur qui en a marre des lenteurs bureaucratiques. Certains demandeurs ont tout simplement annulé le projet et déposé un dossier pour un logement social. D'autres n'ont reçu que la première tranche d'aide et n'ont pas les moyens financiers de poursuivre les travaux. La cherté des matériaux de construction a accentué le calvaire des villageois. Le ciment se vend à 1 600 DA le quintal alors que le rond à béton, notamment le diamètre 8, est cédé à 14 000 DA le quintal. Outre cela, le produit est indisponible dans la quasi-totalité des cas. L'interdiction des importations du ciment et de ronds à béton a provoqué une tension sur le marché des matériaux de construction. La wilaya de Boumerdès a bénéficié de plus de 10 000 aides d'habitat rural depuis 2002, date du lancement du programme. Le taux d'avancement dans la réalisation du programme dans les communes ne dépasse pas dans certains cas les 10 %. Il faut un parcours du combattant pour constituer un dossier d'aide à l'habitat rural. «Au départ, le postulant présente un simple document signé par deux témoins pour avoir accès à cette aide. Maintenant, le postulant doit passer par le géomètre si le terrain n'est pas cadastré et si c'est le contraire, une donation notariale est exigée pour pouvoir bénéficier de l'aide», nous dira un élu à l'APC de Thénia. Dans cette dernière, un problème de taille se pose. La totalité des assiettes foncières sont dans l'indivision et leur régularisation pose problème d'autant plus que les héritiers ont tendance à bloquer les choses. Par ailleurs, il faut signaler que certains souscripteurs ayant bénéficié de l'aide, n'ont pas construit leur maison. Ils ont dépensé l'argent attribué dans de petits projets dans l'achat de cheptel notamment, ou ouvert des échoppes au village. Les aides octroyées sont détournées. Lors du lancement du programme durant le début des années 2000, les agents de la Subdivision du logement de la wilaya (Slep) entamaient des tournées de visite et de suivi des travaux de réalisation, et le versement de l'aide en tranches se faisait après leur consentement. Les populations locales et rurales craignent d'ores et déjà l'avenir en raison de l'austérité qui peut toucher le programme du Fonal. D'ailleurs, l'on a remarqué un recul notable dans la réalisation des projets durant ces deux dernières années.