Remue-ménage à tous les étages de la tour de verre, la cloche du rassemblement a sonné plus tôt que d'habitude à l'Onu. Son Secrétaire général a vite fait d'ameuter ses troupes, le temps record d'un coup d'Etat porté contre un président élu a été battu de nuit ! En République islamique d'Iran, les Européens ont promis de répondre par la manière forte si les intimidations à l'encontre de leurs personnels diplomatiques venaient à se renouveler. Le guide suprême peut dormir sur ses lauriers, les «apprentis putschistes» ont sévi au Honduras. Le président Manuel Zelaya a été surpris durant son sommeil. Juste le temps d'enfiler son pyjama et le voilà à bord d'un avion prêt à décoller pour le Nicaragua. Manu militari, il apprendra un peu plus tard son expulsion vers le Costa Rica voisin. Terrible d'apprendre pareille nouvelle au beau milieu de la nuit. Mais c'est loin d'être un cauchemar provoqué par une indigestion passagère. Le beau songe du président Zelaya, qui s'est découvert un profil de gauchiste lors de son premier mandat, a été brusquement interrompu. De son «bagne», probablement provisoire, il n'a aucune chance d'organiser le référendum qui lui tenait tant à cœur. Finalement, le changement de la constitution, qui devait lui permettre de briguer un second mandat, n'aura pas lieu, du moins dans les jours à venir. Junte militaire, députés, juges et membres influents de son propre parti ont décidé que les urnes devaient revenir d'où le président déchu avait tenté de les faire sortir sans consulter personne. Bien pire, ce que Manuel Zelaya devait apprendre après son atterrissage au Nicaragua. Les inspirateurs du renversement en nocturne lui ont même trouvé un remplaçant, l'actuel président du Congrès. Il s'est dépêché de prêter serment sans avoir à rougir ou à craindre le grondement de la rue. Les somnambules commanditaires, qui se tiennent derrière sa destitution, ont pris soin d'instaurer un couvre-feu pour parer à un retournement brusque de la situation. D'autant plus que des plans filmés du palais présidentiel post-saccage ont été largement diffusés par les télés du Honduras. Les anti-Zelaya ont vu juste, des supporters du président «banni» ont tenté de forcer les grilles du palais derrière lesquelles les nouveaux locataires vont devoir monter la garde, de nuit comme de jour. Seront-ils rejoints par ceux qui, hier, ont dit NO à ce changement de la constitution et à la reconduction éventuelle du président Zelaya, ne serait-ce que pour sauver l'honneur et l'image du Honduras dans le monde ? «Exilé» de force au Costa Rica, ce soutien populaire lui serait nécessaire bien que la répression risque d'être féroce. Ce qui laisse penser que seules les pressions de l'étranger pourront appuyer son retour rapide aux commandes. A commencer par celles de l'alliance des Bolivariens, à leur tête le président Hugo Chavez qui s'est violemment opposé à la manière archaïque avec laquelle Manuel Zelaya a été évincé du pouvoir. Son homologue vénézuélien sait de quoi il en retourne, lui-même ayant échappé plus d'une fois à des tentatives de renversement par la force. Mais contrairement au président déchu au Honduras, il a eu le temps de consulter, par voie référendaire, le peuple vénézuélien sur la question de savoir s'il pouvait ou non bénéficier d'un mandat présidentiel illimité. Manuel Zelaya n'aura, lui, même pas eu un quart de réponse pour le second mandat qu'il a tant souhaité. Est-ce vraiment ses vœux d'être reconduit qui ont amené ses ennemis somnambules à le destituer avant l'aube ? Il n'est pas exclu que ses penchants déclarés pour la gauche et ses amours naissantes pour le bolivarisme cachent la vraie raison de son renversement en nocturne.