Sauf pépin de dernière minute, la lectrice d'Ispahan devrait être mise en liberté conditionnelle. Son père et la France entière n'attendent plus que la décision du juge qui ne devrait pas se prononcer pour son maintien en détention d'autant que Paris a versé une caution pour le transfert de Clotilde Reiss à l'ambassade de France à Téhéran. Seul le chèque aurait permis l'espoir ? Nicolas Sarkozy n'a pas lésiné ni sur les moyens ni sur les contacts. En un coup de fil amical, tranchant avec l'ère Chirac, il a obtenu la pleine coopération du président syrien. Il n'a pu trouver meilleur médiateur que Bachar Al Assad en sa qualité d'allié sûr du régime de Téhéran. D'ennemi déclaré, Damas passe à l'ami sur lequel la France peut désormais compter. Juste le temps que l'universitaire française puisse retrouver la liberté sans le voile obligatoire qu'elle a dû porter tout au long de son procès ? Mille fois non, la Ve République croit en la modération progressive que seraient en train d'opérer les autorités baathistes de Damas. Contrairement aux Etats-Unis, qui continuent de sonder les intentions de la Syrie par d'incessants allers-retours diplomatiques, la France ne doute plus quant aux nouvelles dispositions de la Syrie à collaborer avec l'Occident. Qu'il s'agisse du conflit palestino-israélien, du Liban voisin ou du nucléaire iranien, le gouvernement de Paris estime à présent que la Syrie est incontournable. Au point de lui confier la médiation totale ou partielle dans le conflit irano-occidental bien qu'elle ne peut prétendre demain à être complètement neutre, ses affinités avec la République islamique d'Iran ne datant pas d'hier ? La Syrie verrait d'un bon œil une prochaine reprise des négociations sur la restitution de son Golan, chose qui l'inciterait davantage à jouer à la «moralisatrice» auprès des ayatollahs voisins. D'autant que ceux-là semblent toujours inquiets du fait que l'Etat hébreu n'a pas exclu définitivement de ses plans militaires une éventuelle frappe ciblée contre les installations nucléaires iraniennes. A en croire le représentant de la République islamique auprès de l'AIEA, l'Iran n'a nullement peur d'Israël. Pourtant, les autorités de Téhéran ont émis le vœu de voir se tenir une conférence internationale sur l'interdiction de frappes contre toutes installations nucléaires où qu'elles soient implantées. Le renseignement iranien aurait-il eu vent de quelconques plans en cours de remaniement du côté de Tel-Aviv ? Seule chose qui semble certaine, la quête de soutiens en faveur de cette proposition iranienne vise à récolter le maximum de voix à l'approche de la conférence générale de l'Agence internationale de l'énergie atomique où le défi nucléaire iranien ne va pas passer sous silence. Ce qui laisse penser que l'offre de prohibition de toutes frappes militaires contre des installations nucléaires X ne traduit rien d'autre que le fait que les Iraniens choisiraient de répliquer à l'avance aux critiques qui, de toute façon, ne manqueraient lors de la conférence de septembre. Seraient-elles beaucoup plus agressives si tous les ressortissants occidentaux, détenus et jugés en Iran, venaient à retrouver leur liberté d'ici-là ? Américains et Européens ménageraient le chou et la chèvre pour ne pas trop heurter la sensibilité du régime iranien dont la légitimité est à fleur de peau. Mais avec les compliments de Ban Ki-moon, il peut se vanter à posséder toute la latitude à durcir de nouveau le ton. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir