Caracas n'est pas seul face à Washington. Les principaux pays d'Amérique du Sud ont refusé avec fermeté la possibilité d'une action militaire au Venezuela, évoquée par le président américain. Le président colombien, Juan Manuel Santos, pourtant farouche critique du pouvoir de Nicolas Maduro, a demandé au vice-président américain, Mike Pence, en tournée dans plusieurs pays d'Amérique latine, d'abandonner l'option militaire. «Nous avons de nombreuses options pour le Venezuela, y compris une possible option militaire si nécessaire», avertissait le chef de l'Etat américain depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, alors que les tensions entre les deux Etats s'exacerbent à la suite de l'installation d'une Assemblée constituante dans le pays, après des mois de manifestations sanglantes où 125 personnes ont trouvé la mort. Le gouvernement de Nicolas Maduro a aussitôt réagi, accusant à son tour les Etats-Unis de vouloir déstabiliser la région dans un «acte de folie». Le gouvernement de la Colombie fut le premier des pays voisins du Venezuela à exprimer sa réprobation. Le ministère des Affaires étrangères a fait valoir dans un communiqué que la Colombie «rejette les mesures militaires» dans le cadre d'une intervention internationale au Venezuela, dont le «respect pour la souveraineté» doit guider les négociations afin de trouver une solution pacifique à la crise. Le ministre des Affaires étrangères mexicain, Luis Videgaray, très critique du pouvoir vénézuélien ces derniers mois, a soutenu que «la crise au Venezuela ne se résoudra pas à travers l'action militaire», ajoutant que le Mexique refuse «l'usage ou les menaces» de violence. Son homologue péruvien a rappelé, pour sa part, que l'accord de Lima, signé par onze pays sud-américains et par le Canada le 8 août, est le cadre légitime pour «défendre le dernier organe démocratique en place au Venezuela, l'Assemblée nationale librement élue», rejetant par ailleurs toute action armée. Après avoir suspendu le Venezuela, constatant une «rupture de l'ordre démocratique» dans le pays dirigé par Nicolas Maduro, le Mercosur - bloc régional économique fondé par l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay - a fait savoir que les «seuls instruments valides» pour y rétablir la démocratie sont «le dialogue et la diplomatie», refusant d'emblée le recours à la force évoqué par Washington, écrit Le Monde. Tandis qu'il tenait des propos menaçants envers la Corée du Nord, le président américain a noté qu'il peut ordonner une action militaire contre Caracas. Le président du Venezuela a qualifié de folie les propos du président américain. «La menace téméraire du président Donald Trump vise à entraîner l'Amérique latine et les Caraïbes dans un conflit qui perturberait, de manière permanente, la stabilité, la paix et la sécurité de notre région», a noté le ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza, lisant un texte au nom du président socialiste Nicolas Maduro. Le président américain, accusé dans son pays d'être un pro-russe, tente de prouver le contraire en instaurant une série de sanctions contre la Russie. L'Europe a dénoncé ces sanctions, précisant qu'elles ne respectent pas la légalité mondiale. L'Europe s'est prononcée contre les sanctions américaines contre Moscou.