Fraîchement nommé Premier ministre en remplacement de Abdelmadjid Tebboune, Ahmed Ouyahia présentera sa feuille de route devant les députés, en septembre. Le plan d'action d'Abdelmadjid Tebboune aura finalement fait long feu. Pour le nouveau Premier ministre, il s'agit, à tout point de vue, de clore définitivement l'épisode de son prédécesseur qui n'a pas manqué de défrayer la chronique durant presque tout l'été. Sur ce plan, il faut dire que l'actuel locataire du palais Docteur Saadane n'en est pas à son premier oral dans l'hémicycle du boulevard Zighout-Youcef. Plusieurs fois à la tête du gouvernement, le patron du RND est un habitué des grands discours. Sans doute qu'il aura par conséquent à s'expliquer sur tout le remue-ménage gouvernemental qui a eu lieu cet été et dont la presse nationale s'en est goulûment servie. Le retour aux affaires d'Ahmed Ouyahia a déjà provoqué quelques chamboulements. Sa nomination à la tête de l'exécutif a été aussitôt suivie par un léger lifting gouvernemental, avec notamment le renvoi «logique» des ministres proches de Tebboune. Dans le fond, il est attendu qu'Ouyahia assure les grands équilibres en revenant notamment au principe du consensus national, cher au président de la République. Le porte-parole du RND, Seddik Chihab, cité par TSA, a soutenu hier, que «dans la situation que traverse le pays, nous avons besoin de calme et de beaucoup de sérénité». Commentant l'éviction de Abdelmadjid Tebboune, il affirmera que ce dernier «était dans une démarche de confrontation, contrairement à ce que tout le monde souhaitait et à leur tête le président de la République. Le chef de l'Etat a toujours appelé à la cohésion nationale et à l'entente. Aujourd'hui, nous avons besoin de mobiliser nos forces». Pour Ouyahia, il y a lieu donc d'appliquer à la lettre les directives du président. Dans son dernier discours, à l'occasion de la commémoration du double anniversaire du 20 Août 1955 et du 20 Août 1956, le chef de l'Etat a souligné avec insistance la nécessité de préserver ce «consensus». Sur un autre plan, il faut s'attendre à ce que l'action d'Ouyahia soit à forte teneur économique. Abdelaziz Bouteflika a également exhorté son gouvernement à se pencher sur cette urgence du moment, à savoir remporter la bataille du développement économique. Le chef de l'Etat a appelé à «la mobilisation et à l'unification des rangs afin de mener à bien la bataille du développement et préserver l'indépendance financière de l'Algérie et de sa souveraineté sur le plan économique». La mission d'Ahmed Ouyahia est de ce point de vue claire. Un avant-goût de ce qu'il fera a été d'ailleurs déjà donné à travers l'annonce d'une «nouvelle» réunion préparatoire de la prochaine tripartite. Le successeur de Tebboune devrait évoquer, à l'occasion de cette réunion, les grandes lignes de la politique économique du gouvernement qui seront probablement suivies par l'introduction de plusieurs réformes, notamment en ce qui concerne l'investissement et les mécanismes de financement de l'économie nationale. Enfin, au plan social, Ahmed Ouyahia sait qu'il va devoir prendre des décisions qui risquent de faire quelques remous. La situation financière du pays peu reluisante impose une certaine rigueur mais toujours selon le porte-parole du RND, elles ne seront pas sévères. «Je peux vous assurer qu'il n'y aura pas de décisions sévères. Mais la rigueur est recommandée. Il est nécessaire de la réintroduire dans tous les actes de gestion et même dans notre comportement. Sincèrement, je pense que la loi de finances 2018 ne sera pas comme certains essaient de la présenter. Elle sera ordinaire», a-t-il fait savoir. Bordj Bou Arréridj: Le Premier ministre rassure les investisseurs Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n'a pas cessé, depuis sa nomination, d'envoyer des signaux positifs aux investisseurs et entrepreneurs algériens pour dissiper les malentendus nés des décisions de son prédécesseur qui a quelque peu assombri le climat, déjà difficile à cause de la crise économique que traverse le pays. Le pays qui a besoin de toutes ses forces vives pour faire face à cette crise, ne peut pas se permettre un conflit entre deux principaux piliers pour son développement, à savoir l'Etat et les opérateurs économiques. Le dernier signal du Premier ministre a été perçu à Bordj Bou Arréridj, l'un des pôles industriels du pays, comme une bouffée d'oxygène. Il a été transmis par le député du parti dirigé par M. Ahmed Ouyahia, M. Smain Benhamadi, qui a rencontré un nombre important d'investisseurs de la région, auxquels il a affirmé qu'il était porteur d'un message de la part du Premier ministre. Benhamadi a réitéré devant ces opérateurs économiques «la volonté du gouvernement» de les considérer plus que jamais comme un partenaire de choix, dans le cadre de sa politique de développement du pays. Le député du RND a profité de l'occasion pour écouter les doléances de ces derniers. Les investisseurs qui ont assisté à la rencontre qui a eu lieu à l'hôtel Béni Hammad de Bordj Bou Arréridj, ont remercié le Premier ministre pour son message, avant de saisir l'occasion pour exposer les contraintes auxquelles ils font face et freinent considérablement l'investissement dans la wilaya. Ils ont évoqué, notamment, les lourdeurs administratives qui bloquent selon eux la réalisation de leurs projets. Ils ont contesté également certains choix effectués comme l'implantation de la zone industrielle de Mechta Fatma qui ne favorise l'investissement. Le terrain où est située la zone est «accidenté» et provoque, par conséquent, des pertes énormes dans les travaux de terrassement qui engloutissent la majeure partie du budget alloué aux travaux, ont-ils relevé avant de souligner que «les projets qui ont abouti sont rares». L'absence d'un organe de statistiques qui pourrait éclairer les investisseurs pour ce qui est du choix des créneaux a été également soulignée. Les opérateurs économiques de Bordj Bou Arréridj n'ont pas manqué de critiquer le retour des licences d'importation qui ne facilite pas, selon eux, l'acquisition des intrants dont ils ont besoin pour le fonctionnement de leurs entreprises. Le représentant du FCE au niveau local, M. Hocine Benhamadi, qui a assisté à la rencontre, a appelé, pour sa part, l'association des investisseurs à s'impliquer dans la prise des décisions qui concernent le monde de l'économie. En guise de clôture de la rencontre informelle, le député du RND s'est engagé à transmettre toutes ces doléances au Premier ministre et même à organiser d'autres rencontres similaires. Il a promis de les réunir une nouvelle fois pour discuter du plan d'action qui est en cours d'élaboration. «Vos propositions pour aider l'économie nationale à se relever sont les bienvenues», a-t-il conclu.