Le président français termine sa tournée pédagogique en Europe de l'Est, dédiée à réformer la controversée directive européenne des travailleurs détachés. En Bulgarie, il a tiré à boulets rouges sur la Pologne et ses expatriés. Emmanuel Macron aurait tenté de provoquer la zizanie en Europe de l'Est, d'après la présidente polonaise du Conseil des ministres Beata Szydlo. Pour la Pologne, le président français fait preuve d'«arrogance», qu'elle a attribué à son «inexpérience». «Je lui conseille de se concentrer sur les problèmes de son propre pays», a-t-elle déclaré. Et d'ajouter «Il réussira alors peut être à avoir les mêmes résultats économiques et le même niveau de sécurité de ses citoyens que ceux garantis par la Pologne», faisant allusion à la menace terroriste. Tout a commencé un peu plus tôt, ce 25 août 2017, alors qu'Emmanuel Macron, accusait sans ambages les dirigeants polonais d'isoler leur peuple du reste de l'Europe. «Le peuple polonais mérite mieux que cela et la Première ministre aura beaucoup de mal à expliquer qu'il est bon de mal payer les Polonais», a-t-il lancé, en présence du chef d'Etat bulgare. A l'origine de l'ire présidentielle, Beata Szydlo avait la veille opposé une fin de non-recevoir à la requête d'Emmanuel Macron, lequel, conformément à ses promesses de campagne, milite pour un durcissement de la directive européenne dite des travailleurs détachés. «Nous défendrons jusqu'au bout notre position, parce que c'est une position qui est dans l'intérêt des travailleurs polonais», avait encore martelé la dirigeante polonaise, coupant l'herbe sous le pied d'Emmanuel Macron. Ce dernier boucle en effet ce 25 août en Bulgarie sa tournée d'évangélisation en Europe de l'Est contre cette directive européenne. L'Europe est confrontée à une polémique opposant la France, la Hongrie et la Hollande et le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjarto, a annoncé le rappel de l'ambassadeur hongrois en Hollande, après les critiques formulées par l'ambassadeur néerlandais à Budapest à l'encontre du gouvernement de Viktor Orban. Péter Szijjarto, chef de la diplomatie hongroise, a annoncé, vendredi 25 août, le rappel «pour consultation» de l'ambassadeur hongrois à La Haye après des tensions entre les deux pays. «La Hongrie a rappelé pour consultation son ambassadeur aux Pays-Bas», a annoncé le ministre dans des propos relayés par l'agence officielle. Cette décision intervient au lendemain de la publication par l'hebdomadaire hongrois 168 Ora d'une interview dans laquelle l'ambassadeur néerlandais Gajus Scheltema, en fin de mission à Budapest, compare certaines méthodes du gouvernement hongrois à celles employées par les extrémistes musulmans. M. Szijjarto a précisé exiger des excuses publiques du gouvernement néerlandais. «Nous n'accepterons pas d'explication à huis clos. L'ambassadeur des Pays-Bas à Budapest a humilié la Hongrie. Beaucoup d'accusations infondées et contestables ont été formulées dans l'entretien, mais le plus grave est que l'ambassadeur néerlandais a placé sur le même plan la Hongrie et les terroristes», a signalé le chef de la diplomatie hongroise. D'après Emmanuel Macron: Les Français détestent les réformes Les propos d'Emmanuel Macron à l'égard de ses concitoyens n'ont pas laissé indifférents les internautes, dénonçant le ton condescendant de leur président. La CGT et le PCF se sont aussi insurgés contre le mépris affiché, selon eux, par le président. «La France n'est pas un pays réformable, les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu'on peut éviter les réformes, on ne les fait pas. C'est un peuple qui déteste cela», a lancé Emmanuel Macron en marge de son déplacement, le 24 août en Roumanie, où il s'est entretenu avec son homologue roumain. «Il faut lui expliquer [au peuple] où on va et il faut lui proposer de se transformer en profondeur», a-t-il expliqué doctement. Les Français «trop bêtes pour comprendre» ? Une déclaration qui a eu le don d'irriter des acteurs politiques tels que la CGT ou le PCF. Le secrétaire général du syndicat, Gérard Martinez, dont l'organisation a participé à la consultation sur la réforme du dialogue social élaborée par le gouvernement, a ironisé au micro de BFMTV : «Cela veut dire que les Français, quand on leur propose une réforme, ils sont trop bêtes pour comprendre ce qu'on leur propose». «Ce n'est pas la première fois que Monsieur Macron pense que les Français sont des imbéciles [...] Une réforme, c'est du progrès social. Toutes les réformes qu'on nous propose depuis des décennies vont à l'encontre des intérêts des salariés», a encore lancé Gérard Martinez.