Le contexte économique et social dans lequel se dérouleront les élections locales du 23 novembre prochain, font craindre un taux d'abstention record à la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune. «La défiance à l'égard du scrutin pourrait être record si le cadre législatif n'est pas révisé et la situation économique et financière reste la même», a-t-elle lancé, hier à Alger, à l'ouverture de la réunion du bureau politique de son parti. Mme Hanoune souligne qu'habituellement, les élections locales mobilisent un électorat plus important que les élections législatives, mais cette-fois-ci, l'effet contraire peut se produire, surtout si les conditions sociales des citoyens continuent à se dégrader. L'oratrice justifie sa crainte aussi par les difficultés financières rencontrées par les collectivités locales dès le début de la chute des prix des hydrocarbures depuis trois ans et les mesures d'austérité qui s'en sont suivies. Selon elle, plus de 1 000 communes sur les 1 541 que compte le pays connaissent actuellement une asphyxie financière. Appelant les pouvoirs publics à donner les garanties quant à la transparence du scrutin, la patronne du PT s'est interrogée «si le Gouvernement, dirigé par Ahmed Ouyahia, respectera la constitution à l'occasion des élections locales et ne fera pas recours à la fraude électorale». Cela avant de mettre en garde contre «les provocations» politiques et économiques. La sérénité ne se décrète pas Dans son intervention devant les membres du bureau politique du PT, Louisa Hanoune a commenté longuement le limogeage de l'ex Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune et son remplacement par Ahmed Ouyahia. Elle estime que Tebboune avait réussi à faire bouger les choses tout en relevant que «la plus grande contradiction est le fait que l'APN reflète le mariage entre l'argent et les institutions de l'Etat». «30% des députés sont des hommes d'affaires», a-t-elle indiqué. «C'est une situation d'illégalité», a-t-elle ajouté, en dénonçant une dérive et un danger pour le pays. Quant à Ouyahia, l'oratrice a déclaré que son parti le jugera «à la lumière du plan d'action de son gouvernement qu'il présentera devant l'APN et la loi de finances 2018». Mais d'ores et déjà, Louisa Hanoune a exprimé son soulagement après les déclarations du nouveau Premier ministre qui a exclut tout retour à l'endettement extérieur. L'oratrice a commenté une autre déclaration d'Ouyahia qui a appelé à l'application des lois dans la sérénité. «La sérénité ne se décrète pas. Ce n'est qu'un slogan creux», a-t-elle lancé. Pour elle, la sérénité est le produit de mesures sociales à prendre et de rapport positif entre l'Etat et les citoyens. Dans ce contexte, elle a appelé à assainir la vie politique dont la pollution constitue un danger pour le pays. Elle a plaidé également pour le retrait des lois sur la Santé et le travail, ainsi que l'abrogation de la loi sur la retraite. Affirmant que le changement ne pourra pas venir de l'intérieur du régime «agonisant», Mme Hanoune estime qu'il ne reste que l'éventualité de déclenchement d'un processus constituant pour opérer la transformation démocratique car, a-t-elle expliqué, «le statuquo actuel est intenable».