Le Maroc et le front Polisario vont-ils se mettre à nouveau à la même table des négociations pour mettre un terme au conflit qui les oppose, en l'occurrence la colonisation des terres sahraouies par le royaume chérifien ? Tout le présage à l'issue de la dernière visite de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Maghreb. En tournée dans la région depuis mercredi dernier et après avoir rencontré séparément les deux protagonistes ainsi que les pays observateurs de ce conflit dont l'Algérie, Christopher Ross s'est dit «optimiste» pour l'organisation d'une rencontre informelle entre les deux parties. A Alger, M. Ross a exprimé la foi des Nations unies quant au règlement du conflit. Il a par ailleurs précisé que la «recherche d'une solution par les Nations unies au conflit du Sahara occidental est sur le bon chemin». Ces propos font suite aux déclarations finales du comité de décolonisation des Nations unies qui dans son rapport adopté lundi dernier à New York dénonce la colonisation du Sahara occidental par le Maroc, comme il a insisté sur «la responsabilité envers le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination». Appuyant de fait les différentes résolutions du Conseil de sécurité qui ont été émises à ce jour et qui ont toujours demandé aux deux parties d'engager des négociations directes et sans préalable. Toutefois et sur la question, une lacune reste de taille dans la démarche de l'ONU, à savoir l'absence de réaction ou son silence face aux perpétuations des actes coloniaux marocains dont l'escalade militaire marocaine dans les territoires sahraouis qui s'est exacerbée ces deux dernières années, la dissémination des mines antipersonnel tout au long du mur dit de défense érigé par le Maroc ou encore les actes de tortures physiques des Sahraouis dans les universités et prisons marocaines. Ces actes aussi sauvages soient-ils sont, rappelons-le, en violation non seulement de l'accord de cessez-le-feu établi entre les deux parties sous couvert du plan de règlement de l'ONU signé en 1991, mais aussi des conventions de Genève. Autre silence de l'ONU, celui observé face aux exploitations illicites des ressources du Sahara occidental. Sahara dont la responsabilité incombe à l'ONU tant que le conflit persistera. Aujourd'hui l'ONU se dit prête pour relancer le dialogue entre les deux parties, pour cela signifie-t-il une présence moins silencieuse et surtout plus efficiente. Pour El Kanti Balla, observateur sahraoui du conflit du Sahara occidental, pour aboutir vers une solution concluante et concrète il faudra que les nations mettent le paquet, c'est-à-dire fassent usage de moyens de persuasion.