Ahmed Ouyahia ne veut rien laisser au hasard. En prévision de la présentation du plan d'action de son gouvernement, dimanche prochain, devant les députés, il a convoqué les chefs des groupes parlementaires des partis acquis à l'Exécutif à une réunion qui aura lieu aujourd'hui au Palais du gouvernement. Y participeront à la rencontre, selon nos sources, les chefs des partis concernés, à savoir le FLN et le RND, qui ont eu la majorité parlementaire, en plus du TAJ d'Amar Ghoul et du MPA d'Amara Benyounès. Il s'agit d'une réunion de coordination où des instructions seront données aux députés de la majorité de ménager le gouvernement dans leurs interventions dans le cadre des débats sur le plan d'action. En effet, les députés du FLN notamment, bien que lors des séances de vote, ils adoptent d'une seule voie les projets qui leurs sont proposés, ont l'habitude d'avoir une certaine liberté de ton lors de leurs interventions. Et parfois, ils sont plus critiques que les députés de l'opposition eux-mêmes ! L'Exécutif ne veut donc pas donner l'image d'une équipe incohérente même si à la fin, le plan d'action sera approuvé. Ils devront soutenir dans les interventions et lors du vote le document que présentera Ouyahia sans aucune condition. Le souci d'Ouyahia, selon nos sources, est de donner l'image d'un pouvoir uni dans cette conjoncture de crise financière dont il a dépeint les contours dans son plan d'action mais aussi dans un contexte politique marqué par des appels à l'application de l'article 102 de la constitution. Le recours aux financements non conventionnels afin de combler les déficits du budget de l'Etat a été critiqué par les analystes économiques et financiers ainsi que certains partis politiques qui ont estimé que cette mesure aggravera la crise économique qui frappe de plein fouet le pays. Les députés des partis du pouvoir seront donc appelés à défendre cette option. Il serait fort possible que les 300 députés appartenant aux partis de la coalition (FLN, RND, MPA et TAJ) s'inscriront en masse dans les débats pour, d'un côté, noyer les critiques de l'opposition, et de l'autre, inonder l'hémicycle par des discours flatteurs de la politique du gouvernement. La plus importante décision de ces derniers temps, contenue dans le plan d'action, est le recours aux financements non conventionnels, à travers la révision de la loi sur la monnaie et le crédit. Le nouveau texte autorise la Banque d'Algérie «à acheter directement des titres émis par le Trésor». « Nonobstant toute disposition contraire, la Banque d'Algérie procède, dès l'entrée en vigueur de la présente disposition, à titre exceptionnel et durant une période de cinq années, à l'achat directement auprès du Trésor, de titres émis par celui-ci, à l'effet de participer notamment: à la couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette publique interne, au financement du Fonds national d'investissement (FNI)», stipule le nouveau projet du gouvernement. En plus de son passage, Ouyahia a besoin que le projet soit soutenu et fortement défendu par la majorité parlementaire. Et il aura alors toute la latitude de proclamer, encore une fois, après l'avoir fait il y a quelque cinq années, que «pour le malheur de l'opposition, le pouvoir est uni». et il y aura certainement quelqu'un qui lui ajoutera que «pour le bonheur du pouvoir, l'opposition est divisée».