Comme prévu, les députés du FLN et du RND ont dominé les débats sur le plan d'action du gouvernement qui se poursuivaient ,hier, à l'APN. Pour noyer et décimer les critiques qui pouvaient émaner des représentants des partis de l'opposition, qui étaient d'ailleurs inaudibles du fait de leur «dissolution» dans les salutations et les louanges des députés de la majorité présidentielle, ces derniers se sont inscrits en masse dans la liste des intervenants. En effet, sur les 290 inscrits pour intervenir, la majorité représente le FLN et le RND. Du coup, les quelques voix de l'opposition, islamistes dans leur majorité, qui ont pris la parole, avait du mal à se faire entendre. Mais cela ne voulait pas dire qu'Ouyahia avait les faveurs de tous les députés de la majorité, même si son plan d'action passera en fin de compte, ce jeudi, comme une lettre à la poste. Si les députés du RND ont été unanimes à saluer le contenu du document présenté par le Premier ministre, également chef du RND, ceux du FLN ont osé quelques critiques et propositions. C'est le cas de Abdelamine Boudaoud qui a relevé que le plan d'action du gouvernement Ouyahia est une copie des anciens plans d'action présentés par les anciens Premier ministres, citant Abdelaziz Belkhadem, Abdelmalek Sellal et Abdelmadjid Tebboune. Le député FLN a regretté qu'aucun de ces anciens chefs de gouvernement n'ait rendu des comptes après son départ de l'Exécutif. Pour la décision de recourir aux financements non conventionnels pour combler le déficit budgétaire, l'intervenant déclare que cette solution ne résoudra pas la crise en l'absence d'une véritable réforme économique. «Il ne faut pas couvrir le soleil avec un tamis», a-t-il lancé, sous le regard attentif d'Ahmed Ouyahia. Il a appelé à trouver des mécanismes pour recycler l'argent de l'informel et lutter contre la fraude fiscale, plaidant pour une solution à la crise qui passerait par l'investissement. Pour sa part, Telli Madi, député du parti majoritaire, a salué «les efforts et les réalisations» du président Bouteflika dans tous les domaines, avant d'appeler le gouvernement à bâtir une relation de confiance avec les investisseurs afin de sortir de la crise et encourager l'économie locale. «Il faut des signes forts du gouvernement à l'adresse des investisseurs», a-t-il insisté. De leur côté, les députés de l'opposition ont été critiques à l'égard du plan d'action du gouvernement, quoique leurs discours étaient loin de la virulence d'il y a quelque temps. En attendant les représentants du RCD qui doivent intervenir aujourd'hui, hier, c'étaient les députés des deux alliances islamistes, à savoir MSP-FC et El Adala-Ennahda-El Binai, et du PT entrecoupés, de temps à autre, des interventions des parlementaires FLN-RND. Ainsi, Abdelhamid Touakine d'El Adala a estimé que la réussite du plan d'action du gouvernement dépendra de deux autres plans. Il s'agit, a-t-il détaillé, de la lutte contre la corruption sous toutes ses formes et d'une réforme politique globale. Son collègue, Ali Aissaoui a soutenu que l'édification d'une économie forte nécessite une réforme du système bancaire, la lutte contre la corruption et la récupération de l'argent détourné. Le représentant du PT, Hicham Chelghoum, a, pour sa part, mis en garde contre les dérives inflationnistes qui pourraient résulter du recours aux financements non conventionnels. Il a justement expliqué que le pouvoir d'achat des citoyens s'est dégradé à cause de l'inflation et de la hausse des prix. Pour lui, il aurait fallu trouver d'autres ressources financières, comme le recouvrement des impôts non payés, au lieu de faire appel à la planche à billets.