Les débats sur le plan d'action du gouvernement ont été clôturés, hier soir, avec l'intervention des chefs des groupes parlementaires, marqués par des tiraillements entre les représentants des partis de la majorité présidentielle et ceux de l'opposition. Les représentants du FLN et du RND ont répliqué du tac au tac à ceux du PT, du FFS et des islamistes. Et sans surprise, le recours aux financements non conventionnels pour financer l'économie nationale a été au cœur des interventions. Les représentants de l'opposition étaient unanimes à rejeter cette solution, la qualifiant de «dangereuse ». Le chef du groupe parlementaire du PT, Djeloul Djoudi, est allé jusqu'à demander le retrait du projet de loi sur la monnaie et le crédit. Décrivant une situation politique fermée et polluée à cause de la collusion entre l'argent et la politique, l'orateur a expliqué que la crise que vit le pays est le résultat de plusieurs années de mauvaise gouvernance et ne peut être réduite à une simple crise financière. Le chef du groupe parlementaire du PT a appelé au retrait du projet de loi sur la monnaie et le crédit qui officialise le recours aux financements non conventionnels pour financer l'économie nationale. Selon lui, cette décision provoquera une hausse de l'inflation, soulignant que l'Algérie n'est ni la Grande Bretagne, ni le Japon ni les USA pour en établir un lien. Il estime que la solution réside dans les investissements publics massifs, une volonté politique et de l'audace. Il appellera à recouvrer les impôts non payés, à récupérer les crédits bancaires non remboursés, à lutter contre la surfacturation dans le domaine de l'importation et la fraude fiscale ainsi qu'au recyclage de l'argent de l'informel. Pour sa part, le chef du groupe parlementaire du Front El-Moustakbel, Hadj Belghouti a évoqué la situation «précaire» que traverse l'Algérie sur les plans économique, social et politique. Il a relevé que les partis de l'opposition et les experts économiques ont averti, depuis 2013, contre l'évaluation de la situation économique faite aujourd'hui par le Premier ministre, regrettant que M. Ouyahia les a qualifiés de «marchands de la politique». Concernant le recours à la planche à billets, Hadj Belghouti a soutenu que la comparaison avec les USA, le Japon et l'Angleterre n'est pas juste, expliquant que ces pays comptent parmi les économies les plus puissantes du monde. Il a relevé la faiblesse de la machine économique et industrielle de l'Algérie, la faiblesse de son arsenal juridique et sa non-conformité avec l'économie mondiale et la faiblesse de son système bancaire et sa gestion bureaucratique. Il considère que le recours à la planche à billets est «dangereuse», estimant qu'il existe d'autres solutions pour faire face à la crise. Réplique du FLN et du RND Le représentant du Front El Mostakbal a appelé à l'émission d'un nouveau dinar afin de mobiliser l'argent de l'informel au profit du Trésor. De son côté, le chef du groupe parlementaire du FFS, Chafaâ Bouaiche a dénoncé le recours à la planche à billets, estimant que la décision est dangereuse . Il s'agit, selon lui, d'une solution de bricolage proposée pour une crise réelle, qui traduit un échec de gouvernance. L'orateur a soutenu que la majorité qui gère le pays depuis 1999 a échoué dans la mission de sortir de l'économie de rente à une économie productive et créatrice de richesses. Le représentant du plus vieux parti de l'opposition a estimé que la crise qui frappe le pays est une crise de régime, voulant pour preuve la présentation du plan d'action du gouvernement Ouyahia trois mois seulement après le plan de Tebboune. «Si la stabilité était dans le projet du système politique, il l'aurait consacré en son sein. Le souci des gouvernements qui se succèdent est le maintien du régime en place», a-t-il lancé. La solution à la crise réside, à ses yeux, dans un vrai consensus national global. Pour leur part, les représentants de la majorité présidentielle n'ont pas manqué l'occasion pour répliquer aux partis de l'opposition et défendre la démarche du gouvernement. «Vous faites pitié», a lancé Belabas , chef du groupe parlementaire du RND, à l'égard de l'opposition qu'il appelle à reconnaître les réalisations du président Bouteflika depuis 1999. L'orateur a exprimé le soutien «constant» de sa formation à tous les gouvernements sous Bouteflika. De son côté, Said Lakhdari, chef du groupe du FLN, s'en est pris avec virulence à l'opposition, notamment islamiste. Il est allé jusqu'à répliquer aux accusations de fraude électorale par l'ironie. «Je propose au ministre de l'Intérieur de mettre en place une haute instance pour la victoire de l'opposition dans les élections», a-t-il lancé. «Ils disent que le président n'exerce plus ses fonctions ? Comment alors procède-t-il aux changements des gouvernements et préside des conseils des ministres?», a-t-il répondu aux partisans de l'application de l'article 102 de la constitution.