Des avis contradictoires qui expriment une réalité qui renseigne sur l'ampleur de la crise financière. La présentation du plan d'action du gouvernement par le Premier ministre Ahmed Ouyahia à l'Assemblée populaire nationale a été dominée par le volet économique et financier comme démarche de choix, vu la gravité qui caractérise la situation économique et financière du pays. L'ensemble des chefs de groupes parlementaires, que ce soit, de la majorité ou de l'opposition, étaient tous unanimes quant à l'influence et aux répercussions directes de cet amendement partiel de la loi sur la monnaie et le crédit. Le chef du groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique (RND), Belabes Belabes, a qualifié le plan d'action présenté par le Premier ministre Ahmed Ouyahia de «courageux et de réaliste, puisqu'il vise à sauvegarder l'indépendance financière du pays, et aussi comme étape nouvelle qui fera en sorte de revoir nos habitudes en passant d'une société de consommation à une société qui fera de la productivité son étendard de choix», a-t-il tonné. Par rapport à la question qui a trait au financement non conventionnel interne telle qu'elle a été défendue par le Premier ministre, le chef du groupe du RND a souligné que «c'est une initiative courageuse qui nécessite d'être soutenue par l'ensemble des acteurs politiques et la société civile si nous voulons réellement éviter au pays d'aller dans les bras du Fonds monétaire international (FMI), surtout que l'Algérie avait connu par le passé une expérience douloureuse du programme d'ajustement structurel», a-t-il indiqué. Cet avis est soutenu par Chihab Seddik, le porte-parole du RND qui a focalisé ses réponses sur nos questions en marge du débat sur le plan d'action du gouvernement, en soutenant que «le Premier ministre a précisé que l'option prise par rapport au financement non conventionnel interne est une option conjoncturelle répondant à une urgence économique et financière, et que ce financement non conventionnel ne sera pas orienté vers la gestion des structures étatiques, mais il sera surtout injecté dans le circuit productif et d'investissement pour permettre au Trésor public de se débarrasser de sa dette publique qui est maintenant drastique», a déclaré le porte- parole du RND. Cette démarche qui vise à recourir au financement interne pour faire face à la crise financière qui guette le pays et pour éviter que le gouvernement aille vers des solutions qui hypothéqueront la souveraineté économique du pays et son indépendance financière est soutenue par le Front de Libération nationale (FLN) à travers les réponses de Si Afif, le vice-président de la commission des affaires étrangères au sein de l'APN. Dans ce sens, Si Afif soutient mordicus le plan d'action du gouvernement Ouyahia en soulignant qu'«il faut avoir le courage de prendre des décisions qui s'imposent quand le pays fait face à une crise économique et financière aux relents exogènes en rapport avec la crise des «supprimes» de 2008, à laquelle l'Algérie est en train de résister avec force», et d'ajouter que «le recours à la révision partielle de la loi sur la monnaie et le crédit s'explique par la nécessité de protéger notre économie et sauvegarder notre stabilité financière en recourant au financement non conventionnel interne auquel beaucoup du pays comme les USA, le Japon et la Grande-Bretagne ont fait recours pour parer aux retombées dangereuses de la crise économique mondiale de 2008», a-t-il asséné. Mais Si Afif relève un élément qui n'a pas été soulevé ni traité par le plan d'action présenté par le Premier ministre à savoir l'impôt sur la fortune que compte le groupe parlementaire du FLN de le proposer au cours de cette session. La démarche du rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) s'inscrit à l'opposé de celle de la majorité au gouvernement. Mohcine Belabbès trouve que «la crise économique et financière que traverse le pays ne devrait pas être résolue de la façon qui aggravera davantage la situation en général, le financement non conventionnel signifie que nous irons droit vers la planche à billets. Cette solution n'est pas bonne pour le citoyen qui se débat dans une précarité sociale insoutenable», a-t-il déclaré. Pour le parlementaire du RCD, «le gouvernement doit se pencher sur l'encouragement des secteurs porteurs comme le tourisme et les énergies renouvelables». Quant à une question de L'Expression en rapport avec la crise économique et financière «quelles sont les solutions d'urgence pour juguler cette crise?», Mohcine Belabbès se contente de dire que «le pouvoir doit régler la question essentielle qui réside dans la mise en place des leviers d'un vrai changement politique qui passe inéluctablement par le respect de la légitimité des urnes». Une manière de renvoyer tout le débat qui s'impose aujourd'hui sur le plan économique et financier pour lequel le responsable du RCD semble ne pas avoir de réponses ni de propositions concrètes et réalisables. Selon le Mouvement de la société pour la paix (MSP), et en l'occurrence, le chef du groupe parlementaire, Mohamed Hamdadouche, le plan d'action du gouvernement est «porteur de tous les dangers sur le plan économique, financier et social», a-t-il répondu à notre question en indiquant que «le recours à la planche à billets, il faut l'appeler comme ça, la démarche qui consiste à faire recours au financement non conventionnel interne, verra le pouvoir d'achat de la majorité des Algériens s'éroder de façon exponentielle, et il poussera beaucoup de citoyens vers une pauvreté intenable sans oublier de dire que nous ne sommes pas dans la posture des Grands pays comme les USA, le Japon et la Grande-Bretagne où la monnaie est forte et aussi ils disposent en plus de la monnaie alternative pour parer à ce genre de risque économique et financier», a-t-il martelé. Ces avis contradictoires expriment une réalité qui renseigne sur l'ampleur de la crise économique et financière. C'est pourquoi il est judicieux de ne pas s'aventurer et faire des déclarations fantaisistes en complète contradiction avec l'urgence de trouver des solutions économiques et financières concrètes loin de la sémantique larvée et de la surenchère politicienne d'une certaine opposition qui fait dans l'oppositionnisme plus qu'autre chose.