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Alors qu'un rassemblement de soutien à Slimane Bouhafs a été organisé hier à Béjaïa: AI et le collectif de soutien appellent à sa «libération immédiate»
La mobilisation et les appels de la société civile pour la libération de Slimane Bouhafs se poursuivent. A cinq jours de l'examen de sa demande de liberté conditionnelle, Amnesty International appelle les autorités algériennes à le relaxer «immédiatement et sans condition». L'organisation internationale regrette que «si la remise de peine de 16 mois dont il avait bénéficié dans le cadre de la grâce présidentielle du 5 juillet (2017, Ndlr), représente une bonne nouvelle, Slimane Bouhafs reste encore détenu dans la prison de Jijel». «Sa condamnation et sa détention depuis juillet 2016 sont inacceptables», dénonce AI dans un communiqué rendu public, hier, et qui coïncide avec un rassemblement organisé à Béjaïa, à l'initiative du collectif pour sa libération dont fait partie sa fille Tilelli. Pour Amnesty international, Slimane Bouhafs n'est autre qu'«un prisonnier d'opinion et sa condamnation est uniquement liée à son exercice pacifique du droit à la liberté d'expression». Pourtant, la Constitution algérienne, révisée en février 2016, «garantit la liberté de religion», rappelle l'ONG, relevant toutefois que la même loi fondamentale «fait de l'Islam la religion d'Etat». Amnesty accuse les autorités d'«avoir utilisé des dispositions vagues figurant dans le code pénal et l'ordonnance 06-03 fixant les conditions et règles d'exercice des cultes autres que musulmans, une loi adoptée en 2006, pour persécuter des personnes pour l'exercice pacifique de leur droit à la liberté d'expression, de religion et de conviction». De son côté, le collectif de soutien à Slimane Bouhafs a réitéré, hier mercredi, à l'occasion d'un rassemblement à Béjaïa, sa demande de mise en liberté de ce prisonnier. De nombreux militants associatifs ainsi que des dirigeants de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme ont pris part à ce sit-in en exprimant leur profonde inquiétude quant aux conditions de détention de ce «détenu d'opinion» selon leurs propos. Dans son intervention, Saïd Salhi, vice-président de la Laadh, a défendu l'idée d'une mise en liberté sans condition de Slimane Bouhafs dont la demande sera, pour rappel, examinée le 26 septembre prochain. «Nous sommes solidaires avec ce détenu dont la santé se dégrade au fil des jours», affirme le défenseur des droits de l'homme, qui ajoute que Slimane Bouhafs n'a fait qu'exprimer son opinion. Saïd Salhi a saisi l'opportunité de cette manifestation pour dresser un tableau peu réjouissant de la situation des droits de l'homme en Algérie. «Les atteintes aux droits de l'homme sont devenues monnaie courante chez nous, et ce ne sont pas les rapports officiels présentés à l'ONU qui contrediront ce qui est constaté chaque jour», déplore le vice-président de la Laadh. Il en veut pour preuve les cas de nombreuses arrestations touchant certains militants. «Le cas des Ahmadites harcelés puis emprisonnés constitue une preuve flagrante de la volonté du pouvoir de museler les libertés afin d'imposer sa vision religieuse à la société algérienne», soutient-il. Arrêté le 31 juillet 2016 à Sétif et accusé d'«atteinte aux préceptes de l'Islam» à cause de ses publications sur le réseau social Facebook, Slimane Bouhafs a d'abord été condamné à 3 ans d'emprisonnement et à 100 000 DA d'amende le 6 septembre 2016, avant qu'il ne soit touché par la grâce présidentielle le 5 juillet 2017. Sa peine sera alors réduite de 16 mois. «Au vu de son état de santé physique et psychologique très affaibli», sa famille indique avoir constitué un dossier et introduit une demande de libération conditionnelle. Elle sera examinée mardi prochain 26 septembre. Le détenu purge actuellement sa peine au pénitencier de Jijel après un passage à la prison de Constantine, d'où il a été transféré sur insistance de sa famille et de la défense, en raison de menaces qui pesaient sur sa personne, selon ses proches.