Plusieurs dizaines de médecins résidents en 2e année de tronc commun de chirurgie ont organisé, hier, un sit-in devant la faculté de médecine d'Alger (ex-Laperrine), pour demander «la révision des modalités d'évaluation» et réclamer «l'amélioration de la qualité de la formation». L'action de protestation des blouses blanches a drainé l'adhésion des futurs chirurgiens des trois wilayas du centre, à savoir Alger, Tizi Ouzou et Blida, au moment où «le service minimum ainsi que le service de garde étaient assurés», nous dit-on sur place. Les protestataires, résidents en chirurgie générale, chirurgie pédiatrique, chirurgie thoracique, chirurgie maxillo-faciale et chirurgie plastique, ont dénoncé la politique de deux poids, deux mesures, appliquée concernant le passage en troisième année. Selon eux, «seules les trois wilayas du centre sont concernées pas un examen sanctionnant en orthopédie et en CCI, alors que nos confrères de l'Est et de l'Ouest du pays ne le sont pas». Ce qui contredit l'esprit de la loi. En effet, dans son article 10, l'arrêté N°1137 du 04 Novembre 2015, portant organisation et modalité d'évaluation et de progression du cycle de formation en vue de l'obtention du diplôme d'étude médicales spéciales (DEMS), stipule clairement que «dans les spécialités comportant un tronc commun de 2 ans, l'examen de deuxième année est national». De plus, ce que dénoncent les médecins résidents, c'est «l'anarchie» qui caractérise ces deux années de tronc commun. Outre «la distinction» entre wilayas, «il y a l'évaluation qui ne se fait pas selon des objectifs pratiques», explique l'un d'entre eux. «Les professeurs chefs de service nous obligent à signer avoir pratiqué certains actes opératoires, sous peine de ne pas nous signer le carnet de stage, synonyme d'invalidation de l'année», s'indignent les futurs chirurgiens soucieux de l'avenir de leur carrière. «Comment voulez-vous qu'on maîtrise tout alors que durant notre apprentissage, nous ne touchons pratiquement à rien ?», s'interroge un délégué, résident au CHU de Beni Messous. Ce dernier précise qu'à travers le rassemblement, l'on veut interpeller Tahar Hadjar, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, et Mokhtar Hasbellaoui, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière «pour réfléchir aux moyens à même d'instaurer justice, améliorer la qualité de la formation et réviser la loi en termes d'évaluation et de validation des années». Et pour cause, les résidents en 2e année tronc commun de chirurgie sont contraints à un examen en orthopédie, alors que cette discipline ne figurera jamais dans leur parcours à partir de la 3e année. «Incohérences» ! C'est dire qu'il y a lieu de «corriger les incohérences contenues dans la loi concernant le tronc commun», plaident les protestataires qui regrettent ce qu'ils qualifient d'«autorité» de certains chefs de service qui «ont menacé leurs résidents de ne pas leur valider l'année s'ils refusent de passer l'examen». Ce n'est pas tout. La responsabilité du ministère de tutelle est aussi engagée. Tahar Hadjar semble vivre sur une autre planète, puisque près de deux mois de mouvement de protestation marqués par des rassemblements, des sit-in et des piquets de grève au niveau des CHU, avec assurance des gardes et du service des urgences, suivis de requêtes et de rapports, n'ont pas suffi pour attirer son attention. «Un mépris total !», s'indigne-t-on. Après avoir boycotté à 100%, (soit les 198 médecins résidents de 2e année) l'examen d'orthopédie du 20 septembre dernier, les blouses blanches comptent boycotter également l'épreuve de CCI prévue ce mercredi 27 du mois en cours. Hier encore, les orthopédistes de spécialité qui devaient passer un examen non-sanctionnant l'ont boycotté après le que jury a décidé qu'il soit sanctionnant. A un mois de la fin de l'année, le flou persiste et les protestataires ne savent plus à quel saint se vouer. «Si on décide de nous ajourner l'année, il n'y aura pas de nouveaux chirurgiens en 2019», avertit l'un des résidents qui nous laisse le soin d'imaginer la suite dans un secteur qui soufre cruellement d'un manque de spécialistes. Une réunion devait se tenir hier en fin de journée entre le doyen de la faculté de médecine d'Alger avec les différents présidents du CPRS, pour discuter de la suite à donner à la requête des résidents. CHU de Bab El Oued: Les explications du chef du service orthopédie Accusé par les médecins résidents en 2e année tronc commun de chirurgie d'avoir «renvoyé» ses résidents après le boycott de l'examen d'orthopédie du 20 septembre dernier, le chef du service orthopédie traumatologie du CHU de Bab El Oued a tenu à apporter certaines explications. Le Professeur Rachid Benakouche assure «n'avoir fait appliquer que la loi» à l'encontre de «résidents payés sans travailler (en grève)». Dans ce bras de fer, le Pr Benakouche, en sa qualité de président de jury dudit examen, se défend, invoquant dans un courrier adressé à notre journal, le fait d'avoir appliqué «les textes réglementaires en vigueur qui stipulent la tenue de ces évaluations».