Le dinar continue de chuter face aux principales devises (euro et dollar) sur le marché interbancaire officiel, s'établissant hier à 135.37 DA pour un euro et 113.37 DA pour le dollar. Un record jamais atteint auparavant. Au niveau du marché parallèle, l'euro a franchi la barre des 200 DA, alors que le dollar est désormais à 167.5 DA. Cette dévaluation ou dépréciation n'annonce rien de bon pour l'économie nationale. Elle a permis juste de faire baisser la facture des importations et de laminer le pouvoir d'achat. La Banque d'Algérie a procédé déjà au mois de juin dernier, à une dépréciation du dinar vis-à-vis du dollar de près de 20%, pour faire face à la crise. Le déficit budgétaire du pays représenté 13,7% du Produit intérieur brut (PIB) en 2016, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie Mohamed Loukal, qui a annoncé notamment que la liquidité bancaire a été réduite de près de 67% en 2 ans, en raison de déficit de la balance des paiements. C'est les raisons pour lesquelles la Banque centrale a joué sur le taux de change du dinar afin d'amortir l'impact de la crise. En fait, le dinar ne va pas bien, et quand le dinar va mal, tout ira mal aussi. En six années seulement, sa dépréciation a presqué doublé. En 2011, l'euro était échangé officiellement contre 98,54 dinars, alors que le taux de change sur le marché parallèle ne dépassait pas les 130 DA pour 1 euro. Le recours au financement non conventionnel envisagé par le gouvernement occasionnera la hausse de l'inflation, selon les experts dans la monétique et finira par atteindre la valeur du dinar. La dépréciation de la valeur de la monnaie nationale a atteint 33%, face à l'euro, durant le mois de septembre 2017, sur les cours officiels. Selon certains experts, notamment Abderrahmane Benkhalfa, le dinar est en dessous de sa valeur réelle. Et d'ajouter que si la Banque centrale décide de coter le dinar sur un plan purement économique, il serait encore plus faible face à l'euro. Il est clair, selon les epxerts, que la dépréciation du dinar va accentuer l'inflation et la dégradation du pouvoir d'achat des Algériens. C'est la descente aux enfers… Les opérateurs économiques nationaux et les organisations patronales appréhendent également cette dépréciation qui risque de nuire à leur productivité, puisque la matière première est principalement importée. Contactés par nos soins, Amar Takdjout, président de la fédération du textile, a estimé que la dévaluation du dinar provoquera la hausse des prix des produits locaux, en raison de l'importation des matières premières, et par la même occasion, la chute du pouvoir d'achat des citoyens. «Une valorisation d'une monnaie est une dépréciation d'une autre. Sur le marché officiel, l'euro est à plus de 135 dinars, alors qu'il était à 130 da il y a quelques jours. Une dépréciation de 30% de sa valeur, en un mois, va occasionner naturellement une hausse des prix de la matière première. Par conséquent, il faut s'attendre à une augmentation des tarifs d'au moins de 33% sans compter la marge de bénéfice», a expliqué Takdjout. Les produits locaux coûteront plus cher, a-t-il précisé, avant d'ajouter : «C'est le pouvoir d'achat des Algériens qui sera mis à rude épreuve». Les salariés seront confrontés à la baisse conséquente de leur pouvoir d'achat. Selon notre interlocuteur, la dépréciation du dinar reflète la fragilité de notre économie. Une situation qui risque de durer dans le temps, selon Takdjout. De son côté, Abdelaziz Mehenni, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) estime que la chute de la valeur du dinar est «une descente aux enfers. La valeur du dinar a baissé de 35%, il y a quelques temps. Une situation qui risque de ne pas s'améliorer vu que l'Algérie ne dispose pas d'une économie diversifiée», a-t-il estimé. «Les prix connaîtront une hausse correspondant à la dépréciation du dinar. La monnaie actuelle pourra donner des peurs et la réalité des prix va s'imposer d'elle-même», a indiqué le président de la CIPA. Notre interlocuteur a expliqué que «les choses vont beaucoup changer. La Banque d'Algérie se vide de ses réserves de change. Il ne reste que 103 milliards de dollars, sans parler de ceux du trésor public qui sont au rouge». Par conséquent, les prix vont s'envoler et tout ira vers la réalité des prix. «L'eau, l'électricité, le loyer, le lait, le pain... leurs prix augmenteront», selon lui. Une manière de dire que le gouvernement ne pourra plus continuer dans la politique de subvention. Mehhani a conclu que son organisation patronale travaille sur des niches afin de bloquer la porte à l'importation anarchique et qui a saigné nos réserves de change.