Les débats au sein du Sénat ne constituent rien de plus qu'une séance de «félicitations, remerciements et encouragements» lancés par des sénateurs tous acquis au plan d'action de l'Exécutif inspiré du programme du président Abdelaziz Bouteflika. Sur la liste des 63 sénateurs inscrits pour intervenir, 27 sont issus du RND, parti d'Ahmed Ouyahia, 20 représentent le FLN, tandis que les 15 autres siègent au titre du tiers présidentiel. L'opposition n'a qu'un seul intervenant. Moussa Tamadartaza en l'occurrence. Le sénateur FFS de Tizi Ouzou représente, pour reprendre le commentaire d'un observateur averti, «une fausse note» dans une mélodie à sens unique. Tous les premiers intervenants sont allés dans le sens du poil, hier, à l'ouverture des débats ayant suivi l'exposé d'Ahmed Ouyahia. Du «soutien indéfectible» , au «sens de responsabilité du gouvernement», en passant par «la solution qui garantit la souveraineté du pays», jusqu'à «la franchise et au courage du Premier ministre», les sénateurs du FLN, du RND et du tiers présidentiel se sont rangés derrière la feuille de route de l'Exécutif, tout en suggérant quelques «améliorations et efforts supplémentaires» dans certains domaines. Le ton aura été donné avec l'intervention de Moussa Tamadartaza qui ne ménagera pas le Premier ministre, critiquant sa stratégie de sortie de crise, notamment sur le plan économique. «De l'avis de tous les experts, la politique économique est un échec. Dans le plan d'action du gouvernement, on ne trouve aucun changement, mis à part la révision du système financier en intégrant le financement non conventionnel», estime d'emblée le sénateur du FFS. Avant de s'interroger : «Est-ce le seul moyen possible ? S'agit-il de la solution de la dernière chance, la plus facile ou celle de la fuite en avant ?» Pour le Dr Tamadartaza, «l'économie nationale n'est pas à l'abri de l'inflation». Les conséquences peuvent être dramatiques, avec, selon lui, «une augmentation généralisée des prix, l'explosion du taux de chômage et le gel des projets d'investissement». La solution se trouve, soutient-il, «dans le passage à l'économie productive et diversifiée». Seulement, cette option «suggère qu'il y ait une volonté politique et des réformes économiques profondes». «Ce qui n'est pas le cas malheureusement, car tout est tributaire du prix du pétrole sur les marchés internationaux», regrette le sénateur. Tamadartaza ira plus loin, tenant pour responsable et sans exception les gouvernements qui se sont succédé. «L'absence d'un débat national sur les choix économiques est l'une des raisons qui ont mené à des politiques unilatérales des gouvernements successifs, à l'exclusion du peuple, seule source de légitimité et de souveraineté», a-t-il déclaré. Le sénateur du FFS a aussi critiqué la politique de l'emploi préconisée par Ahmed Ouyahia et qui «n'a pas été traitée avec sérieux» dans le plan d'action du gouvernement. La feuille de route «a énuméré les objectifs de cette politique sans préciser les moyens de sa concrétisation», fera remarquer le sénateur de Tizi Ouzou, plaidant pour «un traitement économique et non pas social de la problématique». À signaler que les trois autres sénateurs du même parti (Hocine Haroun, Brahim Meziani et Mohamed Bettache) ne sont pas inscrits sur la liste des intervenants.