A l'occasion de la célébration du 12e anniversaire de l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, la coalition des associations de victimes de la tragédie nationale organise des journées contre l'oublie à travers des expositions, des projections de films documentaires et de conférences débats. L'ouverture de cette semaine d'activité s'est déroulée, hier, au siège national du FFS à Alger avec une exposition photos des victimes du terrorisme et des disparus de la décennie noire. Cette exposition a été suivie d'une conférence de presse animée par les animateurs de la coalition qui ont insisté sur la vérité et la justice, dénonçant le silence et l'oubli imposés par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. «Nous continuerons, en toutes circonstances et dans toutes les conditions, à parler de nos enfants disparus. Nous avons dénoncé et mené campagne dès le début contre la Charte qui prône l'oubli et le silence des parents des victimes», a déclaré Nacera Dutour, porte-parole du Collectif des familles de disparus en Algérie. Le dossier des disparus est l'un des points noirs de la décennie noire. Il continue d'alimenter le débat jusqu'à aujourd'hui, alors que les parents des victimes refusent de céder aux turpitudes des temps dures qui passent. Malgré le poids de l'âge et les maladies, les mères continuent d'occuper le terrain, à la recherche de leurs fils qui leur ont été arrachés à la fleur de l'âge. «Nous réclamons la vérité, la justice et la mémoire», proclame Mme Dutour qui appelle à l'écriture de l'histoire de la décennie noire. «Quand on écrit l'histoire, ça sera pour les générations futures pour éviter que ça recommence», a-t-elle expliqué, refusant de tourner la page avec facilité. Pour sa part, Mme Boucheref de SOS Disparus a souligné que les parents des disparus ne cesseront jamais de batailler, à la recherche de la vérité sur le sort de leurs proches. «Qu'a-t-on fait de nos enfants ? S'ils sont morts, où sont-ils enterrés ? Qu'ils nous le disent !», a-t-elle lancé. Soutenant que la justice et la vérité sont les principales revendications de son association, l'oratrice a affirmé, en réponse aux propositions d'indemnisations, que «personne ne peut échanger son fils contre l'argent». De son côté, Hacene Ferhati, un militant de la cause, a appelé à l'ouverture des tombes sous X pour effectuer des tests ADN afin d'identifier les personnes qui y sont enterrées. «Si on fait ça, on soulagera de nombreuses familles», a-t-il argué, ajoutant que personne ne connaît le nombre exact des disparus pendant la tragédie nationale. L'intervenant a affirmé que les associations de défense de la mémoire des disparus ne sont pas contre la paix et la réconciliation. «Mais il faut donner la parole aux victimes pour s'exprimer. Les mères sont en train de mourir. Plusieurs d'entre elles sont malades et leur seule préoccupation est de connaître le sort de leurs fils. Elles vivent la douleur à chaque instant», a-t-il déclaré, estimant que plus de 30% des familles des disparus ont refusé les indemnisations qui leur ont été proposées. Les conférenciers ont affirmé qu'ils n'ont engagé aucun contact avec le nouveau Conseil national des droits de l'homme, institué par la nouvelle Constitution en remplacement de la Commission nationale consultatif pour la protection et la promotion des droits de l'homme (CNCPPDH). La raison ? Ce conseil ne peut pas peser sur la décision politique, a-t-on justifié. Ils ont affirmé, en revanche, qu'ils sont en contact avec les associations internationales qui défendent la cause des disparus à travers le monde. Ils ont regretté, en outre, le refus des autorités algériennes d'autoriser la visite du groupe de travail des nations unies sur les disparitions forcées en Algérie. A la fin de cette conférence, un documentaire réalisé par Hacene Ferhai et Othman Aouameur, intitulé «Où sont-ils ?» a été projeté.