Une panique générale s'est emparée des facultés de médecine, après la décision prise par le syndicat des enseignants chercheurs de boycotter l'épreuve de résidanat organisée à la mi-octobre de chaque année. Le spectre de l'année blanche plane déjà sur les étudiants en fin de cycle, sans que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ne daigne bouger le petit doigt. Réunis dimanche en assemblée générale extraordinaire au CHU Mustapha Pacha, les enseignants chercheurs hospitalo-universitaires des facultés de médecine d'Alger et de Blida «ont décidé à l'unanimité du boycott du concours de résidanat en sciences médicales de la session octobre 2017», peut-on lire dans une déclaration du Snechu. Le même syndicat menace qu'«en cas de non satisfaction de nos principales revendications, un durcissement du mouvement sera entrepris». Voilà qui n'augure rien de bon pour des milliers d'étudiants ayant passé 7 dures et longues années à travailler pour enfin se retrouver otages d'un conflit qui ne les concerne ni de près ni de loin. Et pour cause, le boycott décidé par les hospitalo-universitaires signifie tout simplement qu'il n'y aura pas d'examen, car «c'est à eux que revient la tâche d'élaborer les sujets en plus de l'organisation des trois épreuves (sciences fondamentales, clinique et dossier) réparties sur deux jours», expliquent des sources au fait du dossier. Le Snechu a recouru à ce moyen de pression pour dénoncer «le mutisme du ministère de l'Enseignement supérieur face à ses revendications légitimes», lesquelles tournent autour de «la normalisation de la progression dans la carrière, le reclassement des maîtres-assistants de la subdivision 3 à la subdivision 4, l'octroi de l'indemnité de qualification à tous les enseignants chercheurs hospitalo-universitaires, le droit à une retraite digne, l'amélioration des conditions de travail et enfin le droit à l'exercice de l'activité lucrative». Mais, au-delà de la légitimité ou non de cette plateforme de revendications, c'est de l'avenir des étudiants en médecine, notamment d'Alger et de Blida, qu'il est question. Chaque année, plus de 2000 nouveaux médecins résidents dans différents services des établissements de santé sont recrutés après l'examen de résidanat qui concerne des milliers de candidats. Alors qu'au niveau des facultés, l'on s'attendait à l'affichage d'une date, voilà que la décision de boycott tombe comme un couperet et compromet l'avenir des étudiants, sans oublier les conséquences d'une telle situation avec des services hospitaliers sans résidents en première année. Pour les étudiants, leurs aînés ne devraient pas les impliquer dans ce conflit avec la tutelle. «Ils n'ont pas trouvé mieux que de s'en prendre à notre avenir !», dénoncent-ils. Sur les réseaux sociaux, les candidats à l'examen de résidanat explosent. «Vous devez avoir un minimum de responsabilité en défendant vos droits par d'autres moyens de pression», s'indigne un étudiant. Pour un autre, «prendre en otages des milliers d'innocents candidats à un examen dans un combat n'est pas digne de ses meneurs». Les enseignants chercheurs hospitalo-universitaires «devraient avoir un minimum d'éthique», lâche un autre. Devant cette situation confuse, l'on se demande ce qu'attend le département de Tahar Hadjar pour réagir ? À signaler que nos tentatives de joindre hier la présidente du Snechu n'ont pas abouti. Le professeur Wahiba Ouahioune n'a pas répondu à nos multiples appels.