La présidence de la République dément la «rencontre» Bouteflika-Ksentini Visiblement, le débat sur un éventuel cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika n'est pas à l'ordre du jour. Vingt-quatre heures seulement après que l'ancien président de la CNCPPDH, Farouk Ksentini, ait révélé avoir eu une rencontre avec le chef de l'Etat chez qui il dit avoir senti un désir de se représenter pour un cinquième mandat, la présidence de la République dément. «De pures affabulations», indiquaient, hier, les services du palais d'El Mouradia, dans un communiqué. «Un certain nombre de déclarations rapportées par la presse électronique et quotidienne, hier samedi 18 novembre et aujourd'hui dimanche 19 novembre 2017, stipulent que le président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, aurait accordé une audience à Maître Farouk Ksentini qui aurait abordé avec lui des questions ayant trait à la situation actuelle ainsi que les perspectives futures», peut-on lire dans le document diffusé via l'agence officielle APS. Et d'ajouter que «la présidence de la République dément catégoriquement, autant la véracité de l'audience que celle du contenu qui lui est accolé et considère qu'il s'agit là de pures affabulations». Au-delà de la gifle qu'a reçue l'avocat et ancien président de la défunte Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme, Maitre Ksentini, qui aura donc monté de toutes pièces cette rencontre, le démenti de la présidence vient mettre un terme au «tintamarre» sur un éventuel cinquième mandat de Bouteflika. Après avoir véhiculé cette option, il y a quelques mois, Djamel Ould Abbès a fini en août dernier par interdire dans une instruction aux cadres et militants du FLN, d'évoquer le sujet. Par la suite, trois personnalités qui ne sont pas des moindres ont signé en octobre une déclaration dans laquelle elles ont clairement affiché leur opposition. Ahmed Taleb Ibrahimi, ex-ministre des Affaires étrangères, Maître Ali Yahia Abdenour, ancien ministre et doyen des militants des droits de l'Homme en Algérie, et le général en retraite Rachid Benyelles, ancien chef des forces navales, avaient estimé que le chef de l'Etat «n'est plus en mesure de continuer à diriger le pays». Il y a quelques jours, c'est Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND qui, tout en réaffirmant son «soutien» au chef de l'Etat, a estimé «trop tôt de parler de la présidentielle de 2019». Un recadrage dirigé contre le secrétaire général du FLN. Ceci pour dire que c'est la première fois que la présidence s'en mêle directement. Mais, bien qu'on ne précise pas si oui ou non Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, et au pouvoir depuis 1999, désire briguer un cinquième mandat, le fait d'avoir démenti et «la pseudo-rencontre et le contenu qui lui est accolé» contribue à éclairer l'opinion publique perdue dans un vacarme qui semble être fabriqué pour servir de ballon de sonde. La question qui se pose désormais est la suivante : qu'est-ce qui aurait bien poussé maître Ksentini à parler d'une «rencontre» avec Bouteflika et du «désir» de ce dernier de rester au pouvoir après 2019 ? L'ancien président de la CNCPPDH dissoute, resté injoignable hier, serait-il manipulé par un clan qui veut semer la confusion à moins d'une semaine des élections locales, et à un an et demi de la présidentielle ? C'est une autre interrogation tout autant légitime que la première. «J'ai rencontré la semaine dernière le président Abdelaziz Bouteflika. Nous avons discuté pendant une heure (…) J'ai constaté qu'il a un grand désir de se représenter pour un cinquième mandat», avait déclaré à la presse, samedi, l'avocat considéré comme l'un des fidèles du chef de l'Etat.