Le départ des sociétés émiraties spécialisées dans l'immobilier n'est pas propre à l'Algérie puisqu'il y a juste quelques mois, la société Sama Dubai a gelé ses méga-projets au Maroc et en Tunisie. L'abandon d'importants projets n'est finalement pas particulier à l'Algérie puisque des projets similaires que devait réaliser la société immobilière émiratie au Maroc et en Tunisie ont connu le même sort. La société Sama Dubai (filiale de Dubai Properties) a gelé depuis janvier dernier un méga-projet en Tunisie à travers lequel il était question de réaliser une nouvelle ville dénommée «Porte de la Méditerranée». Au Maroc, cette société a également arrêté ses travaux, en mars dernier, pour réaliser le projet «Amwaj» dans la vallée de Boureggreg. Le départ du plus grand groupe immobilier émirati Emaar, bien qu'attendu depuis plusieurs mois, n'est pas motivé par la difficulté de lancer des investissements en Algérie, ni même par les récentes décisions du gouvernement relatives à l'investissement ou encore par la lenteur bureaucratique. Ce départ devrait être justifié beaucoup plus par la stratégie retenue par ce groupe indispensable pour un nouveau redéploiement après avoir été fragilisé par la crise financière qui a ébranlé le monde. Les actions d'Emaar avaient perdu près de 10% de leur valeur à la fin de 2008. Cette situation a été aggravée par la chute des prix de l'immobilier situé en bord de mer à Dubai, depuis l'année dernière, alors même que la crise économique mondiale était déclenchée et que les prix des hydrocarbures accusaient une baisse brutale mettant fin au boom économique des pays du Golfe. Ainsi, pour tenter de trouver des palliatifs dans le but d'atténuer le choc sur ses comptes financiers et relancer l'investissement immobilier, Emaar fusionnera avec Dubai Properties et ses trois filiales (Sama Dubai, Dubai immobilier et Tatweer). Cette fusion entre ces sociétés immobilières émiraties annoncerait l'avènement d'une nouvelle ère dans les activités immobilières internationales, commentent des économistes. Selon les dirigeants de Dubai Properties et Emaar, cette fusion marquerait le grand retour des sociétés émiraties sur la scène immobilière internationale. «La fusion est le moyen le plus sûr pour réduire le coût global de la récession du secteur immobilier suite à la crise, ce qui représente une bonne chose», notent des analystes. Les études de faisabilité du projet de fusion ont été confiées aux Royal Bank of Scotland (BMC) et Meryl Lynch International. Ces derniers ont été sélectionnés en tant que conseillers financiers pour finaliser les études de faisabilité concernant l'unification des activités immobilières des entreprises en cours de fusion. Les actifs des nouvelles entités s'élèveraient à 52,85 milliards de dollars. Cependant, Emaar, qui a affirmé samedi avoir quitté l'Algérie en raison de «l'absence de progrès dans ses projets», a préféré attribuer son départ à des contraintes propres à l'Algérie. Dans son communiqué, cette société a justifié la fermeture de son bureau d'Alger par «une situation indépendante de l'entreprise». Les prévisions d'investissement d'Emaar limitées à 5 milliards de dollars L'on devait s'attendre à ce départ depuis 2008 déjà puisque même les montants que devait investir Emaar ont été drastiquement révisés à la baisse. En 2007, ce groupe émirati avançait des prévisions en termes d'investissements dépassant les 25 milliards de dollars. Or, une année après, Hamid Temmar, ministre de l'Industrie, a précisé que ces intentions d'investissements ne dépassaient pas les 5 milliards de dollars. Les projets que devait réaliser le groupe portent sur l'aménagement de la ville d'Alger et ses environs. Il s'agissait de la restructuration et le déploiement des infrastructures de la gare Agha qu'il comptait transformer en pôle de circulation «dynamique et harmonieux» au cœur du réseau de transport, entouré de bureaux et de locaux commerciaux et d'hôtels. Emaar devait également créer une zone de promotion et de développement à Sidi Abdellah, une ville de santé à Staouéli (Alger) et devait développer une zone touristique dans l'actuelle plage Colonel Abbas (Tipaza).