Dans le cadre du second Festival panafricain, une exposition de Choukri Mesli a été inaugurée hier par Khalida Toumi au Mama, devant un gotha de personnalités d'Afrique, d'Algérie et de journalistes étrangers. Cette exposition donne une vue synoptique de l'ensemble de l'œuvre de cet artiste de renom relative à l'influence africaine. D'emblée, il donne comme préliminaire cette phrase lourde de sens qui explique sa vision de la femme et de cette Afrique chamarrée, berceau de l'humanité aux incommensurables problèmes, «parce que du Tassili à Picasso, d'ici et d'ailleurs, d'hier et de demain, aux femmes brisées et reconstruites à chaque toile, singulières et pleureuses pour poursuivre l'interrogation et affirmer la vérité de leur désir, je dédie ce gâteau au miel». Ces multiples tableaux ocres aux silhouettes de femmes tantôt évanescents et fugaces, tantôt présentes, dénudées offrent au regard la vulnérabilité et la force en même temps de la femme. Cette femme africaine en proie à ses tourments, à ses espoirs, à ses amours et à son avenir souvent incertain. «Rêve bleu», «Rêve rouge», «Hammam à trois», «Magie», «Hymne», «Corps effacé», «Les danseuses», «Zébrures» et «Poème», autant de sujets qui abordent cette femme dans son intimité, dans ses préoccupations, ses peines et ses joies. Ces acryliques ocres, aux corps de femmes charnues, rappellent la mère, symbole de la fécondité et de la terre nourricière. Dans le registre de la peinture à l'huile, Choukri Mesli a fait des clins d'œil au mouvement Aouchem dont il est, avec Denis Martinez, le précurseur. Dans ces œuvres intitulées «L'été», «Page blanche», «Sortilège», «Crépuscule», «La danse», «Femme arabesque», «Signes féconds», c'est l'art africain combiné aux signes Aouchem. Ces silhouettes prennent forme avec des symboles de notre terroir auquel l'artiste a mis plus de couleurs, rouge, bleu, jaune, un étonnant mélange qui ne détonne pas mais donne plus de vigueur et de tonalité à l'œuvre. Notons que Choukri Mesli a déjà travaillé pour le premier Festival panafricain de 1969. C'est sur les survivances d'Aouchem qu'il a combiné son talent à l'art africain. Pour mieux appréhender ces œuvres, un déplacement au Mama s'impose aux férus d'art pictural et aux néophytes pour découvrir un artiste au summum de son art.